Cette année, c’est à son domicile et non pas à la mosquée qu’Aliou Nana a débuté le jeûne du mois de ramadan ce vendredi 24 avril 2020 à Yaoundé, la capitale. «Le coronavirus a tout bouleversé: pas de prêches à la mosquée, ni de prières collectives. On fait les tarawih (prières spécialement effectuées pendant le mois de ramadan, Ndlr) à la maison, en famille», confie ce jeune papa.
En effet, le confinement imposé par le gouvernement pour endiguer la propagation du nouveau coronavirus (Covid-19) est venu bousculer la tradition. Les lieux de culte sont fermés, et les rassemblements interdits. Un coup dur pour les fidèles, surtout que le ramadan est un événement social par excellence qui rassemble beaucoup de monde, notamment au moment de l’«iftar», la rupture du jeûne.
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Pour beaucoup, l’heure est donc à l’adaptation. Pour communier avec les siens pendant ce mois sacré, Ibrahim a opté pour les «prières virtuelles».
«Toute ma famille est à Garoua (capitale régionale du Nord, Ndlr) et je suis seul ici, à Yaoundé. Chaque soir, au moment de rompre le jeûne, nous nous retrouvons grâce à des appels vidéo sur WhatsApp. Ce n’est pas la même chose, mais c’est mieux que rien», dit-il.
D’autres fidèles se sont tournés vers les prêches et les sermons diffusés sur les réseaux sociaux «pour garder le lien religieux», explique Mahamat, un Tchadien installé à Yaoundé depuis une quinzaine d’années. Si les mesures de restrictions gouvernementales n’empêchent pas les fidèles de vivre le ramadan sur le plan religieux, ce qui est sûr, la convivialité de ce mois béni en prend un sacré coup avec la distanciation sociale. Mais pour les leaders religieux, l’objectif spirituel du ramadan reste le même puisque le confinement peut être plus propice à la méditation.
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«Ce mois de jeûne est en effet inédit avec la pandémie du Covid-19 qui sévit sur la planète tout entière. Toutefois, le jeûne étant une école d’endurance et d’abstinence, ces mesures barrières sont en étroite ligne avec le jeûne lui-même, car elles permettent au fidèle de s’auto-discipliner tout en faisant du confinement une forme de retraite spirituelle lui permettant de mieux se concentrer sur ses actes de dévotions ô combien nombreuses en cette période», affirme Aboubakar Abdoulahi, imam de la mosquée d’Etoudi.
Bien plus, ajoute-t-il, les prières en famille permettent de renforcer les liens, d’apporter la bénédiction et la protection divine dans le foyer et d’unir ce qui s’était autrefois éloigné. «Ces prières ont la même valeur auprès d’Allah le Très Haut que celles effectuées à la mosquée, car le Seigneur dans Sa miséricorde infinie ne s’attarde pas d’abord sur le lieu où on lui adresse les prières», conclut l’imam.