Cameroun: la recrudescence des crimes, dus à la crise anglophone, fait encadrer la vente d’armes blanches

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Le 20/08/2020 à 09h04, mis à jour le 21/08/2020 à 09h59

Suite à l’augmentation des crimes dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, le ministre de l’Administration territoriale enjoint les gouverneurs de ces deux régions du pays de soumettre les acheteurs de machettes, de haches et autres armes blanches à une autorisation préalable.

Durant les quatre prochains mois, les tenanciers de quincailleries dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest touchées par la crise anglophone vont devoir appliquer de nouvelles mesures édictées par le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji.

Ces décisions font suite à la recrudescence de la criminalité dans ces régions, avec des crimes par décapitation à la machette, ainsi que l’utilisation du fer de construction pour la fabrication d'engins explosifs ou comme munitions pour les armes artisanales.

«Ces actes barbares m’amènent à vous instruire des mesures conservatoires visant à restreindre l’achat, l’utilisation et la possession des armes blanches dans vos régions respectives», indique le ministre dans un courrier, daté du 18 août 2020.

Ces mesures interviennent dans un contexte où les réseaux sociaux camerounais ont relayé ces derniers jours des vidéos particulièrement atroces de femmes exécutées par de présumés membres de bandes armées sécessionnistes qui sévissent dans les régions anglophones.

Une femme, Mbah Treasure, avait été exécutée le 4 août 2020 au lieu-dit «Mbingwe Road» au quartier Ntualam par Mankon, dans la région du Nord-Ouest. La victime, compagne d’un sécessionniste dénommé Fonte, alias «Mad Dog», avait été assassinée par son compagnon, qui la soupçonnait de connivence avec les pouvoirs publics, selon les autorités.

Et le 11 août dernier vers 14 heures locales, le corps sans vie de Confort Tumasang, une Camerounaise de 32 ans, avait été retrouvé au quartier Makanga à Muyuka, dans la région du Sud-Ouest. La victime avait été as assassinée à coups de machettes. 

Le membre du gouvernement a donc demandé que soient recensés, dans toutes les quincailleries et les magasins, les stocks de machettes, haches, et fer de construction disponibles.

«Les personnes n'ayant pas de chantier de construction avec permis de bâtir, mais qui acquièrent le fer à béton sont des suspects ou de potentiels terroristes. De même, les personnes ne disposant pas de plantations, de champs ou de boucheries, mais qui achètent une quantité importante de machettes ou de haches sont de potentiels terroristes et méritent de ce fait d'être suivis», a ajouté le ministre dans ce courrier. 

Désormais, les personnes désirant acheter une machette devront obtenir une autorisation préalable auprès du sous-préfet. Ils devront également justifier d’une activité agricole avant toute acquisition auprès d’un commerce et devront par ailleurs être identifiés et localisés.

Même chose pour les potentiels acheteurs de fer à béton, qui seront eux aussi obligés de prouver qu’ils possèdent un chantier en cours de construction. 

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 20/08/2020 à 09h04, mis à jour le 21/08/2020 à 09h59