Il y a quelques jours, les Laboratoires Carine Mongoue, spécialisés dans les produits cosmétiques, ont dévoilé une campagne publicitaire pour leurs nouveaux produits. Sur l’affiche placardée à Yaoundé, la capitale, on peut voir une femme au teint clair assise sur un trône avec des personnes au teint noir ébène à ses pieds, en posture de soumission. Le slogan de la publicité indique: «Mettez-les à vos pieds!». Il n’en fallait pas plus pour enflammer les réseaux sociaux. De nombreux internautes ont vertement critiqué cette campagne publicitaire sur la page Facebook de ces laboratoires. Pour nombre d'entre eux, cette affiche est un appel à la dépigmentation, le «ndjansang» selon le jargon camerounais.
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Pour d'autres, consacrer à ce point la suprématie du teint clair sur le teint noir relève de la discrimination raciale. Présentant la fameuse publicité de H&M qui qualifiait un garçon noir de "coolest monkey in the jungle", cet internaute affirme ne voir aucune différence avec l'écart dont vient de se rendre coupable cette entreprise camerounaise.
Des pétitions ont d'ailleurs été lancées pour le retrait de cette campagne. «Face à ce qui me semble être de l’aliénation pure et simple, il est difficile de rester insensible. Vous faites l’apologie de la suprématie blanche pour vendre les produits décapants sans toutefois mesurer les conséquences d’une campagne publicitaire aussi dégradante (...). Vous entretenez le complexe des personnes qui s’éclaircissent la peau, car elles le font très souvent parce qu’elles ne s’acceptent pas telles qu’elles sont», écrit notamment Cathy Meba, initiatrice d’une pétition.
Pour des associations de consommateurs, la dépigmentation volontaire est un fléau qui prend des proportions alarmantes au Cameroun et touche désormais toutes les couches sociales. Pour elles, même si d’autres urgences préoccupent la communication sanitaire du gouvernement, il est urgent de se penser sur ce phénomène. «Cette publicité constitue une violation flagrante de la loi n° 2006/018 du 29 décembre 2006 régissant la publicité au Cameroun qui porte atteinte à nos valeurs et convictions en renvoyant le message subliminal dans l’esprit de ses récepteurs», indique le président de la Fondation camerounaise des consommateurs (Focaco), Alphonse Ayissi, dans une lettre ouverte au ministre de la Communication, en charge notamment de la régulation du secteur de la publicité.
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«La Focaco tient à exprimer son indignation face à ce phénomène de dépigmentation volontaire qui accentue le rejet identitaire chez les femmes noires», poursuit l’adresse. Par ailleurs, l’association réclame l’interdiction des publicités des produits éclaircissants au Cameroun, la mise en place de tests toxicologiques rigoureux avant les autorisations de commercialisation de ce type de produits et le retrait du marché des produits éclaircissants à base de corticoïdes et d'hydroquinone.