Cameroun: les faux diplômes, un mal qui ne touche pas que les 1000 élèves gendarmes radiés

VidéoLe phénomène fait rage au Cameroun malgré l'existence d'une loi punissant toute personne reconnue coupable. Les faux diplômes sont détectés dans toutes les administrations publiques et privées au mépris des institutions de la République.

Le 20/08/2022 à 09h20

L'information a défrayé la chronique au Cameroun la semaine dernière: au moins 1.000 élèves gendarmes ont été radiés des effectifs des forces de défense depuis le 10 août 2022 pour avoir utilisé des faux diplômes. Le message sous forme de télégramme signé du ministre délégué chargé de la Défense indiquait qu’il s’agit des recrues incorporées aux armées du contingent 2022.

Chaque année, des faux diplômes sont détectés aussi bien dans les entreprises privées que celles publiques. Viennent s'y ajouter les documents falsifiés remis lors de l’admission dans certaines écoles de prestige. En 2019, par exemple, la commission nationale d’évaluation des formations dispensées à l’étranger du ministère de l’Enseignement supérieur avait détecté 63 faux diplômes sur les 426 reçus.

Mais cette situation ne semble pas surprendre les Camerounais. Pour beaucoup d’entre eux, le mal est généralisé dans le pays et aucun secteur n’est épargné. D’autres, par contre, font porter la responsabilité au gouvernement qui brille par son inertie face aux grands maux dont souffre la société.

Une autre catégorie semble, elle, donner raison aux citoyens qui recourent à cette pratique frauduleuse. Pour ces personnes, il est inconcevable que des enfants soient allés à l’école et aient obtenu des diplômes mais ne parviennent pas à trouver un emploi dans leur propre pays. La raison: ils ont dépassé l’âge requis.

En effet, le recrutement à la fonction publique et dans certaines écoles de formation obéit à plusieurs critères, notamment l’âge du candidat. Ce critère en particulier élimine régulièrement de nombreux postulants, contraints, par la suite, de falsifier leurs documents personnels comme les actes de naissances et leurs diplômes.

«Que le gouvernement nous dise comment nous devons faire. Moi par exemple, j’ai obtenu le baccalauréat d’enseignement général. J’ai actuellement 35 ans, donc je suis hors course pour tous les concours publics. Alors, si je trouve une opportunité de me faire établir un faux baccalauréat, devrais-je hésiter? A quoi m’ont donc servi toutes ces années passées sur le chemin de l’école?», s'indigne un homme rencontré à Yaoundé qui soutient que le gouvernement devrait se focaliser sur les compétences des individus, et non pas leurs âges.

Par Jean-Paul Mbia (Yaounde, correspondance)
Le 20/08/2022 à 09h20