Alors que le pays est le premier producteur mondial de cacao et l’un des principaux pour le café, en Cote d’Ivoire, la consommation de chocolat reste un luxe et boire une tasse de café un geste exceptionnel. Plus encore, le pays peine à transformer localement sa production, exposée à la volatilité des cours sur le marché international.
Pour changer cette donne, et faire entrer ces deux matières premières, une fois transformées, dans les habitudes de consommation des Ivoiriens, ICHICAO, une petite entreprise d'Abidjan, s’est lancée dans la fabrication de produits laitiers –yaourt et «dêguê» (une sorte de yaourt contenant des granulés de mil) -à base de chocolat et de café. Ce pari a débuté voici déjà cinq ans, grâce à une recette tenue secrète, dans les premiers temps, dans un modeste atelier, et avec des techniques de fabrication artisanale.
«Nous nous sommes cassés la tête et les pieds», se souvient avec humour Eliel Kouassi, le gérant et co-fondateur de l’entreprise.
«Entreprendre est un vrai casse-tête quand on n'en a pas soi-même les moyens, ajoute-t-il. Mais loin de nous l’envie de tout abandonner, nous sommes guidés par notre passion et notre envie de faire bouger les lignes».
Le salut d’ICHICAO, si on peut le dire ainsi, est venu d’un prix décroché à l’issue d’un concours d’entrepreneuriat organisé en 2017 par le district d’Abidjan.
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Avec ce prix, d'un montant de 2,5 millions de FCFA (un peu plus de 3.800 euros), ICHICAO a pu mieux se structurer, a investi dans un réfrigérateur et un congélateur. Ses fondateurs ont même commencé à distribuer dans quelques supermarchés de la capitale ivoirienne leur production, conditionnée dans de petits pots de 350 ml, vendus à 650 FCFA (environ 1 euro).
«Avec le prix que nous avons obtenu, nous avons véritablement démarré à la mi-juillet 2017 et là, nous sommes passés d’une production vente de 600 pots par mois à un peu plus de 2.000 aujourd’hui dans 10 points de vente, en seulement 4 mois. Ce qui montre bien le potentiel de croissance de notre produit qui est très apprécié», se félicite Kouassi. Et selon ses projections, le cap de 5.000 pots, puis de 10.000 pots vendus chaque mois devrait être atteint courant 2019.
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Un défi de taille reste à relever: celui de passer à de cette production artisanale, au rythme d'une fois par semaine, à celle de la mise en place d'une véritable ligne de production industrielle.
Ce projet nécessite un investissement de l'ordre de 40 millions de FCFA, (près de 61.000 euros).
«Avec mon associé, nous sommes tous deux ingénieurs agro-alimentaire. Nous connaissons avec précision tous les équipements qu’il nous faut et nous avons déjà pris des contacts en Chine. Actuellement la quête de financement est notre carburant pour cette aventure».
«Notre rêve est de devenir une grande industrie, de vendre nos produits en Afrique et dans le monde entier, et, surtout, nous serons fiers de voir que les paysans, dans les village, consomment régulièrement nos produits à base de café et de chocolat nos produits», explique, confiant, Eliel Kouassi.
L’avenir d'ICHICAO, qui emploie actuellement 6 personnes, semble assuré. Et qui sait? Grâce à la ténacité de ces entrepreneurs, parmi les pionniers de leur pays, le chocolat et le café entreront peut-être enfin dans les habitudes de consommation des Ivoiriens.