L’accusateur accusé. Pascal Affi N’Guessan, le président statutaire du Front populaire ivoirien (FPI), autrefois accusé par la dissidence du parti de connivence avec le régime d’Abidjan, vient de reprocher à ces derniers de bénéficier des largesses du pouvoir. Au cœur de ce rebondissement dans cette guerre fratricide, «la fête de la liberté» organisée par la dissidence en fin de semaine dernière.
En effet, cette manifestation, statutairement dévolue au FPI officiel, a été reprise à son compte par la dissidence qui a sonné le rappel de ses sympathisants à Akouré, une localité située à 50 km au nord d’Abidjan. Affi N’Guessan qui avait dans un premier temps obtenu l’interdiction de la tenue de l’événement ne décolère pas contre le régime d’Abidjan pour avoir «laissé faire».
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Pour lui, la violation de l’arrêté préfectoral interdisant cette célébration les 29 et 30 avril dernier par «Les Gbagbo ou rien» est due à «un appel venu du sommet de l’Etat pour lever la mesure de suspension».
«Les organisateurs ont bénéficié d’importants soutiens financiers et logistiques du pouvoir», a déclaré Agnès Monnet, porte-parole du camp Affi.
L’événement a en effet mobilisé des milliers de sympathisants de la dissidence, considérée comme plus fidèle à l’ex-chef d’Etat Gbagbo incarcéré à la Haye. Une mobilisation record pour l’opposition, jamais atteinte depuis la fin de la crise postélectorale, qui pose de plus en plus la question, non pas de la légalité, mais bien de la légitimité d’Affi au sein des partisans de Gbagbo.
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D’où une colère bien perceptible qui pointe un regard soupçonneux à l’endroit du pouvoir.
Abidjan, autrefois plus prompte à se montrer intransigeante envers la dissidence du FPI, chercherait-elle à tirer parti de cette guéguerre en laissant se tenir une manifestation pourtant illégale?
Dans un pays qui aborde déjà le virage menant à la présidentielle de 2020, chaque camp politique fourbit ses armes afin de créer les meilleures conditions de son succès. Or c’est bien une tradition locale que d’emmêler l’opposition dans d’incessantes crises internes …