Côte d’Ivoire: le RHDP, une alliance devenue plus qu’improbable

Alassane Ouattara, président ivoirien, et Henry Konan Bédié, président du PDCI.

Alassane Ouattara, président ivoirien, et Henry Konan Bédié, président du PDCI.. DR

Le 06/05/2018 à 12h56, mis à jour le 06/05/2018 à 13h33

Le RDR a annoncé qu’il aura bel et bien son candidat à la présidentielle de 2020. Désabusé par son allié qui lui refuse désormais tout soutien, que va faire le PDCI dont l’adhésion au RHDP devient problématique. Le duo laissera-t-il la place à un duel?

Plus on approche de la présidentielle de 2020, plus le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), la coalition au pouvoir, plus les divergences se font plus visibles. Hier samedi, au cours du congrès de son parti, le Rassemblement des républicains (RDR), le président ivoirien à Alassane Ouattara a jeté un pavé dans la mare en réaffirmant son opposition à l’idée de céder à l’exigence de son allié du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) de voir un de ses cadres représenter la coalition du RHDP à la prochaine élection présidentielle.

«(…) je le dis, tout le monde sera candidat. (…) Et le meilleur d’entre nous sera désigné candidat du RHDP», a déclaré Alassane Ouattara, par ailleurs président d’honneur du RDR, devant des milliers de militants en liesse. Une position mainte fois répétée par les barons du parti qui devient donc officielle.

La messe est donc dite. Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), l’ex-parti au pouvoir, n’aura pas le soutien de son allié en 2020 comme cela avait été le cas en 2015. L’ex-parti au pouvoir, qui avait clairement indiqué, comme pour mettre la pression sur son allié, qu’il aurait «avec ou sans le RDR» son candidat à cette échéance électorale, devra donc se préparer à une séparation difficilement évitable.

Désormais ouvertement concurrent pour la présidentielle de 2020, le duo, qui rêvait de diriger le pays durant de nombreuses décennies, va donc se transformer en duel dans un environnement où l’opposition peine encore à se faire entendre. Et dans un tel contexte, c’est la participation même des cadres du PDCI, associé à la gestion du pouvoir au gouvernement et dans les grandes institutions et administrations, qui devient problématique.

Cependant, contrairement au RDR, le PDCI, en proie à des tensions internes, se retrouve dans une posture moins confortable.

Le PDCI entre le marteau et l’enclume

Le vieux parti est pris en réalité entre le marteau et l’enclume. Il doit en effet trouver l’équilibre entre des militants qui crient déjà à la trahison du RDR et qui appellent à une rupture pure et simple avec le RHDP, et ceux qui poussent à consolider l’alliance. Ces derniers sont menés essentiellement par les cadres du parti membres du gouvernement, avec à leur tête le vice-président Daniel Kablan Duncan.

Une situation qui fait craindre, selon certains observateurs, une crise au sein du parti pouvant déboucher au minimum sur un basculement de cadres influents vers le RDR, sinon à une implosion du parti. Une perspective qui ferait bien évidemment le jeu du RDR.

Que va faire le patron du PDCI, l’ex chef d’Etat Henri Konan Bédié, surnommé le «Sphinx de Daoukro» pour sa capacité à trouver une issue aux situations inextricables? Comme le RDR, le parti doit en effet se prononcer sur son adhésion formelle ou non au RHDP. Alassane Ouattara s’est voulu clair sur la question: tout comme l’UPCI (un petit parti politique dont les militants ont refusé la semaine dernière d’adhérer à l’alliance), les partis qui refuseront le RHDP ne seront pas membres du prochain gouvernement.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 06/05/2018 à 12h56, mis à jour le 06/05/2018 à 13h33