Une épidémie s'est déclarée depuis mai dans ce pays d'Afrique de l'Ouest, où 130 cas et deux décès ont été recensés.
Pour contrecarrer la progression de cette maladie "réémergente" à l'échelle mondiale et apparue en 2006 en Afrique de l'Ouest, les autorités sanitaires mènent une campagne de démoustication et de sensibilisation dans la capitale économique ivoirienne, Abidjan, où la majorité des cas ont été détectés.
"Les larves se multiplient dans les eaux stagnantes, par exemple dans les pneus usagés. Il ne faut jamais conserver de l'eau dans un seau à l'air libre chez soi, et jeter régulièrement l'eau des soucoupes des plantes vertes", conseille le Dr Diakaria Fofana, chef de service adjoint de la lutte antivectorielle à l’Institut national de l'hygiène publique (INHP).
Cet anthropologue médical supervise une des équipes chargées de pulvériser un produit larvicide dans les eaux stagnantes de la ville, un travail de Sisyphe dans une agglomération de cinq millions d'habitants, surtout en pleine saison des pluies.
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Sans vaccin disponible en Côte d’Ivoire et en l’absence de traitement spécifique contre la dengue, responsable de milliers de décès par an dans le monde, principalement chez les enfants, "le seul moyen de lutte efficace, c’est la lutte contre le moustique", explique le médecin.
Le mode de transmission de la dengue est similaire à celui du paludisme: des femelles moustiques s’infectent en piquant une personne porteuse du virus, qu’elles inoculent ensuite à d'autres humains.
Dans la grande majorité des cas, la dengue reste "silencieuse", mais les patients asymptomatiques peuvent quand même infecter les moustiques qui les piquent, participant ainsi au cycle de contamination.
"Grand-frère du paludisme"
En Côte d'Ivoire, où le paludisme représente un tiers des consultations médicales, beaucoup d’Ivoiriens ont recours à l’automédication lorsqu’ils ressentent les symptômes dont ils ont l’habitude (fièvre, nausées, courbatures, vomissements).
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"C’est un véritable problème, car les symptômes du paludisme, de la dengue, de la typhoïde ou la fièvre jaune sont similaires. Il faut absolument faire un examen de sang", martèle le Dr Fofana, expliquant que des médicaments non adaptés peuvent aggraver la situation.
Il existe un vaccin contre la dengue, mais la Côte d’Ivoire n’en dispose pas pour l’instant car il "présente beaucoup d’effets secondaires, il est cher et ne prend pas en compte les quatre types de dengue", selon le professeur Joseph Vroh Benié Bi, directeur de l'INHP.
Développé par le groupe pharmaceutique français Sanofi Pasteur et approuvé dès fin 2015 dans plusieurs pays d’Amérique latine et d’Asie, le premier vaccin contre la dengue (Dengvaxia) est de plus soupçonné d’être à l’origine du décès d’une dizaine d’enfants. Le gouvernement philippin a engagé en mars des poursuites contre le laboratoire.
La moitié de la population mondiale est aujourd'hui exposée au risque de la dengue, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), principalement dans les régions tropicales et subtropicales ainsi que dans les zones urbaines et semi-urbaines.
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L’OMS estime à 50 millions le nombre de cas annuels, dont 500.000 cas de dengue hémorragique qui sont mortels dans 2,5% des cas.
Moins meurtrière que le paludisme, qui a entraîné 435.000 décès en 2017 dans le monde selon l’OMS, la dengue progresse et a touché l'Europe où les deux premiers cas ont été recensés en 2010. Ainsi en France, "le moustique vecteur est implanté dans 18 départements français" sur 101, selon l’Institut Pasteur.
En Côte d’Ivoire, où une épidémie survenue en 2017 avait déjà provoqué la mort de deux personnes, la menace est prise au sérieux par les habitants.
"On connaît les risques", affirme Bamba Segbe, un habitant d'Abidjan venu assister à la spectaculaire opération de démoustication, avant d’ajouter : "Ce n’est pas pour rien qu’on surnomme la dengue le grand-frère du paludisme".