Côte d'Ivoire: la mobilité urbaine, un réel casse-tête à Abidjan à cause des embouteillages monstres

VidéoDepuis une décennie, on assiste régulièrement à des embouteillages à Abidjan, la capitale économique ivoirienne. Fonctionnaires, travailleurs du privé, automobilistes, passants, les bouchons n'épargnent personne. Les efforts pour améliorer la situation restent pour le moment insuffisants.

Le 22/01/2022 à 09h56

Que c'est difficile de se déplacer en véhicule à Abidjan, la mégalopole économique ivoirienne. Les embouteillages interminables sont insupportables pour les usagers de la route.

A tout moment de la journée, des voitures en file indienne, à perte de vue, sur différents tronçons: Adjamé, Abobo, Yopougon, Plateau, Cocody, Marcory, Treichville, Port-Bouet, Attécoubé, Koumassi... Bref, les embouteillages n'épargnent désormais aucune commune d’Abidjan. Au grand désarroi des citoyens qui subissent cette situation, résignés.

«Les embouteillages gênent tout le monde. Que tu sois automobiliste ou passant. Ça gêne beaucoup et on se débrouille avec puisqu’on n’a pas d’autres solutions», déclare à bord de sa voiture, Sidi Koné.

Les embouteillages sont un manque à gagner pour les transporteurs, voire pour toute l'économie ivoirienne. En 2017 par exemple, les bouchons ont fait perdre près de 5% du PIB au pays d'après la Banque mondiale.

Selon la même institution internationale, on enregistre quotidiennement à Abidjan près de 10 millions de déplacements. Le transport est la 3e dépense des ménages après la nourriture et le logement. Ainsi, chaque foyer dépense 1.075 fcfa soit 1,8 dollars et perd plus de 3 heures par jour dans les transports à cause des incessants problèmes de trafic.

«Pour rallier la commune d'Adjamé, je peux faire 1h à 3h de temps et ce n’est pas normal. Egalement pour me rendre à Cocody, normalement c'est à peine 5 minutes, mais à cause des embouteillages le trajet devient long», déplore Salia Traoré, un conducteur de poids lourd.

«On ne peut pas travailler car les bouchons sont énormes. Il faut qu'on trouve une solution pour nous les chauffeurs et même pour les passagers, car personne ne peut aller aisément au travail», martèle un autre chauffeur, Adama Traoré. 

Les autorités de la ville ont entrepris plusieurs actions pour venir à bout des embouteillages: instauration de sens interdits sur certains tronçons, lutte contre l'incivisme des automobilistes, réhabilitation de nombreuses voies, régulation de la circulation aux heures de pointe, construction d'échangeurs et de ponts pour une meilleure fluidité du trafic routier… Mais rien n’y fait.

Pour certains, il faut passer à la phase pratique de la décentralisation pour régler définitivement le problème des bouchons dans la capitale économique ivoirienne.

«Il faut qu’on désengorge. Tant qu’on n’a pas réellement décentralisé, ça sera toujours les mêmes problèmes. Par exemple, Korhogo, Bouaké, Man et même San Pedro sont des grandes villes de la Côte d’Ivoire, mais il faut forcément qu’on crée les mêmes infrastructures d’Abidjan dans ces villes et ça va tout déconcentrer et désengorger», suggère Sévérin Nangui Djorogo, un chef coutumier Atchan, l'ethnie traditionnellement propriétaire terrienne d’Abidjan.

En attendant l'effectivité de la décentralisation que beaucoup appellent de leur vœux, la mise en service du métro d’Abidjan, prévue pour 2024, pourrait pallier la question des bouchons à Abidjan, selon les autorités ivoiriennes.

Par Olive Adjakotan (Abidjan, correspondance)
Le 22/01/2022 à 09h56