Côte d'Ivoire: dans l'univers des taxis-tricycles, un mode de transport de plus en plus prisé

VidéoEn Côte d'Ivoire, dans le transport de marchandises et de personnes, les tricycles s’imposent depuis quelques années. Ces engins sont devenus incontournables. Même si le secteur reste encore peu réglementé, ces véhicules à trois roues ont déjà bouleversé les habitudes de transport du pays.

Le 20/02/2022 à 15h06

Le tricycle est un mode de transport introduit en Côte d’Ivoire dans les années 2006 et 2007, selon les acteurs du domaine. Au début, très répandu dans les villes du nord du pays, ce véhicule à trois roues a conquis peu à peu toute la Côte d’Ivoire dont Abidjan, la capitale économique.

Il est utilisé non seulement pour le transport de marchandises, mais désormais, également pour le transport de personnes. D'après de récentes statistiques, il représente 70% du transport inter-quartier et 90% du ralliement des zones rurales. Le tricycle a donc su s'imposer, en une quinzaine d'années, dans le transport de marchandises et de personnes dans le pays.

«Les tricycles sont un peu partout en Côte d’Ivoire. Ils aident nos parents dans les petits déplacements et c’est moins coûteux (qu'un taxi, Ndlr), mais il faut que ça soit organisé au niveau du ministère des Transports. C’est un engin à trois roues et ce n’est pas bien équilibré. Il faut que le gouvernement se penche sérieusement sur ça, car ça peut créer des dégâts à la longue et endeuiller des familles», déclare Lazare Gbeuly Gbagbo, un leader d’opinion.

A Abidjan, la capitale économique ivoirienne, les taxis-tricycles, communément appelés salonis, ont fait leur apparition en 2019. A Yopougon Niangon, une quinzaine de taxis-tricycles desservent quotidiennement la ligne Niangon-Azito village pour 100 FCFA. Ces véhicules à trois roues, qui transportent 4 passagers, sont les bienvenus dans ce quartier. En effet, l'impraticabilité de la route ne permet pas aux autres moyens de transport en commun, comme les taxis wôrô-wôrô, les minibus gbakas, les taxis compteurs et les bus de la compagnie nationale de transport public de desservir régulièrement cette zone. Une aubaine bien exploitée par les taxis-tricycles, à la grande satisfaction des habitants de la zone.

«Personnellement, j’aime la rapidité que propose les taxis-tricycles, car quand je n’ai pas envie de marcher, j’emprunte ce moyen de déplacement et ça m’arrange», déclare Sorokobi, une utilisatrice de taxis-tricycles.

«Les temps sont durs et les taxis-tricycles sont moins chers, car avec 100 FCFA on peut se déplacer», affirme Armand, un autre utilisateur de taxis à trois roues.

En août 2021, les autorités ont émis le souhait de limiter les déplacements des tricycles, surtout à Abidjan. Pour ce faire, un plan de circulation routière pour les tricycles devrait être adopté très prochainement dans la capitale économique. Il comporte plusieurs zones interdites pour ces engins, dont les grands artères. Il vise également à cantonner uniquement les tricycles dans les quartiers pour les petites distances, avant de les supprimer complètement d’Abidjan. Une mesure qui inquiète déjà certains acteurs du secteur. 

«Je demande pardon aux autorités de ne pas supprimer les tricycles car ils nous arrangent. Quand tu descends fatigué du boulot, ils te permettent de vite rentrer chez toi», plaide Bamba, un utilisateur régulier de ce mode de transport.

«On demande à l’Etat d’avoir pitié, car les tricycles emploient beaucoup de jeunes. Donc leur suppression sera source de chômage. Ils aident aussi à désenclaver certains quartiers précaires où les autres moyens de transports sont

absents», ajoute pour sa part Lassina Konaté, chef de la ligne Niangon-Azito village.

Notons que les autorités ivoiriennes portent de nombreux griefs contre les tricycles. Il s’agit entre autres du manque de permis de conduire pour les conducteurs, la pollution atmosphérique et l'incivisme routier occasionnant des accidents tragiques. Des griefs qui pourraient faciliter à la longue la suppression de ces engins à trois roues, notamment à Abidjan.

Par Olive Adjakotan (Abidjan, correspondance)
Le 20/02/2022 à 15h06