Naviguer dans l’histoire de l’art d’un pays complexe, multiforme et multiculturel comme le Gabon, surtout lorsqu’on y est étranger peut sembler un labyrinthe sans fin. Mais à force de passion pour le sujet, Chima est parvenu à relever ce défi.
Cinquième fils d’une famille de neuf enfants, le natif d’Obuohia Ibere Abia State au Nigeria, est à l’origine coiffeur depuis l’adolescence. Mais avec un frère aîné bon bricoleur, Chima s’est découvert une nouvelle vocation. «En l’observant, un génie créateur s’est réveillé en moi, me guidant sur le chemin des arts, de la créativité et des mystères des couleurs. J’étais un petit garçon, quand j’ai commencé à dessiner sur le sol», se plaît-il à dire .
Plus que de simples peintures, les tableaux de cet ancien coiffeur devenu peintre professionnel en 1991 sont de grands messages invitant les citoyens du monde à œuvrer pour la protection de la nature. Son atelier est révélateur de l’immensité de son talent. Les tableaux accrochés au mur sont des visages de personnalités gabonaises, africaines et mondiales. Réinventer les héros et les tableaux classiques, c’est sa manière à lui de lier l’histoire de l’art et les problèmes contemporains.
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«Des fois, je réalise des œuvres inexplicables. Quand je peins un portrait et que le client se reconnaît dans mon travail, je me sens bien. Le Gabon est un paradis, et je vis dans ce paradis», clame-t-il. À 58 ans, dont une quarantaine passées au Gabon, Chima prépare déjà la relève. Il a décidé de sortir ses enfants du circuit scolaire classique pour leur apprendre les ficelles de la peinture. Un pari fou, mais qui relève du réalisme prôné par Chima.
Parmi les initiés de l’incroyable aventure familiale, Chim Amaka. «Je suis entrain de réaliser la commande d’un client. Ses proches veulent lui offrir un tableau avec un décor naturel... Je bosse avec de la peinture à huile si on verse de l’eau dessus ça ne peut s’effacer. C’est immortel», affirme-t-elle avec entrain.
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Joseph est le dernier né de la fratrie Chima. Il a appris les technique de la peinture auprès de ses sœurs ainées. Depuis 2019, il a abandonné les bancs de l’école pour l’atelier de peinture de son père. «J’ai compris que l’école n’est pas le seul moyen de réussite. J’ai des frères et des sœurs qui ont terminé leurs études mais qui n’arrivent pas à trouver un emploi. Par contre, j’ai eu cette chance, Papa travaille dans l’art et je me suis dit pourquoi pas. Nous vivons de ça. Nous ne faisons rien d’autre à part l’art», confie, le jeune homme de 22 ans.
Le travail du peintre-écologiste est très apprécié tant au Gabon qu’à l’étranger. Il a participé à de grandes expositions internationales comme à Las Vega en 2008 et à Shanghai en 2010 ou encore à Johannesburg en Afrique du Sud et à Malabo en Guinée équatoriale. Plusieurs de ces œuvres sont exposées dans des hôtels de la capitale gabonaise et s’écoulent à prix d’or.