La Banque africaine de développement (BAD) vient de publier, en partenariat avec l’Union africaine (UA) et l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI), son nouveau rapport intitulé «Indice de l’industrialisation en Afrique 2022» (IIA 2022). Lancée en marge du Sommet de l’UA sur l’industrialisation et la diversification économique, organisé à Niamey, au Niger, cette étude est une initiative phare de la BAD visant à améliorer la connaissance sur les facteurs et les moteurs du développement industriel en Afrique.
L’IIA évalue les progrès industriels de 52 pays africains depuis 2010. Pour ce faire, il se base sur 19 indicateurs clés repartis en 6 groupes: les performances manufacturières, le capital, la main-d’œuvre, l’environnement des affaires, les infrastructures et la stabilité macroéconomique. Il classe également les niveaux d’industrialisation des pays étudiés selon trois axes, à savoir les performances, les déterminants directs et les déterminants indirects.
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Les déterminants directs concernent les dotations en capital et en main-d’œuvre et comment elles sont déployées pour stimuler le développement industriel. Quant aux déterminants indirects, il s’agit des conditions environnementales favorables, telles que la stabilité macroéconomique, des institutions et des infrastructures solides. Les notes de l’IIA et de ses trois dimensions vont de 0 (pire) à 1 (meilleure).
Leadership serré
Sur la période 2010-2021, l’Afrique du Sud se classe comme le pays ayant réalisé les progrès les plus importants en matière de développement industriel, avec une note de 0,8404 en 2021. La suivant de très près, avec 0,8327, le Maroc occupe la 2e place continentale en matière de développement industriel. Les autres pays du top 10 sont l’Egypte (0,7877), la Tunisie (0,7714), Maurice (0,6685), Eswatini (0,6423), le Sénégal (0,6147), le Nigeria (0,6046), le Kenya (0,6029) et la Namibie (0,6014). Selon l’étude, les 5 pays premiers constituent un groupe de principaux pays manufacturiers qui sont nettement en avance sur leurs pairs.
Les dix pays les moins performants en matière de développement industriel sur la période 2010-2021 sont les suivants: le Malawi (0,4229), Sao Tome-et-Principe (0,4198), le Tchad (0,4178), les Comores (0,4078), l’Erythrée (0,4041), la République centrafricaine (0,4018), le Sierra Leone (0,3777), la Guinée-Bissau (0,3663), le Burundi (0,3483) et la Gambie (0,3455).
Au niveau des sous-indices relatifs aux déterminants, les deux leaders du classement se partagent le gateau. Le Maroc occupe la première place continentale en ce qui concerne les déterminants directs, tandis que l’autre géant sud-africain accapare la tête du classement pour ce qui est des déterminants indirects.
Le modèle marocain
L’étude fait, par ailleurs, un focus sur quelques pays. Parmi ceux-ci, le Maroc en particulier est présenté comme «l’une des économies manufacturières les plus solides d’Afrique, enregistrant une amélioration constante pour toutes les dimensions de l’Indice depuis 2010». La BAD et ses partenaires évoquent la priorité accordée par le gouvernement au développement industriel, notamment dans le secteur automobile. «Le Maroc réalise désormais 21,2% des exportations d’articles manufacturiers en Afrique, devançant nettement ses concurrents directs comme la Tunisie et l’Egypte», ajoute-t-on.
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Dans la même veine, l’Afrique du Nord (0,6594) s’affirme comme la région la plus avancée en matière de développement industriel en Afrique en 2021, suivie de l’Afrique australe (0,5649), de l’Afrique centrale (0,5020), de l’Afrique de l’Ouest (0,4887) et de l’Afrique de l’Est (0,47602). L’étude précise que le classement de ces cinq régions est resté inchangé au cours de la période considérée.
Des politiques industrielles plus proactives
L’on apprend également l’IIA que «trop d’économies africaines restent tributaires de produits de base non transformés, ce qui les rend vulnérables aux fluctuations de la demande mondiale». De plus, si le continent «a fait des progrès encourageants en matière d’industrialisation au cours de la période 2010-2022, la pandémie de Covid-19 et l’invasion de l’Ukraine par la Russie ont freiné ses efforts et mis en évidence des lacunes dans les systèmes de production», a déploré Abdu Mukhtar, directeur du Développement de l’industrie et du commerce à la BAD, lors de la présentation du rapport à Niamey.
Aujourd’hui, la part de l’Afrique dans l’industrie manufacturière mondiale a diminué pour atteindre le niveau actuel de moins de 2 %, poursuit le rapport. Les experts appellent donc à des «politiques industrielles plus proactives», jugées essentielles pour inverser la tendance. Mais, soulignent-ils, celles-ci «nécessitent des connaissances approfondies et une compréhension détaillée des contraintes et des opportunités auxquelles chaque pays est confronté».