Le secteur des voitures électriques connait un véritable boom. La crise énergétique actuelle liée à la guerre Russie-Ukraine devrait contribuer davantage à l’accélération de la transition énergétique et faire exploser encore plus l’offre et la demande de véhicules électriques. Selon les projections, l’offre de véhicules électriques devrait exploser et passer de 6,6 millions d’unités vendues dans le monde en 2021, dont 3,3 millions en Chine, à 145 millions d’unités à l’horizon 2030.
Et selon les analystes, d’ici 2040, 54% des véhicules neufs vendus seront électriques. Mieux, dans des pays comme la Chine et l’Inde, 100% des véhicules touristiques vendus seront électriques à cette échéance.
Face à ces bonnes perspectives, les constructeurs automobiles se lancent dans les voitures électriques. Les pays africains aussi ont fait le pari de l’automobile verte, et certains produisent déjà des véhicules de ce segment, notamment des petites voitures et des bus, depuis quelques années mais de manière globalement artisanale. Toutefois, la production industrielle de véhicules électriques reste à l'état de balbutiement au niveau du continent.
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Au-delà des cas isolés avec des productions plus ou moins artisanales, trois pays semblent engagés dans des processus de production de masse de véhicules électriques. Il s’agit du Maroc, de l’Afrique du Sud et de l’Egypte. Soulignons d’emblée qu’il existe deux types de voitures électriques: la voiture à 100% électrique et la voiture hybride dotée d’une double motorisation thermique et électrique.
Si le continent ne compte pas rater le virage électrique, c’est le Maroc, leader avec l’Afrique du Sud dans la construction des véhicules thermiques, qui semble avoir pris les devants en s’appuyant sur deux géants déjà implantés sur son territoire: Renault et Stellantis.
Le Maroc: capitaliser sur les expériences réussies de Renault et Stellantis pour rester leader
Le Royaume, qui a fait de l’automobile une filière phare pour l’essor de son secteur industriel, est en train de se positionner au niveau du segment électrique afin de consolider les acquis de cette activité, devenue la première exportatrice du pays, et lui assurer de nouvelles perspectives prometteuses.
Jusqu’à présent, seul le site de Stellantis -groupe résultant de la fusion du groupe français PSA Peugeot-Citroën et de Fiat Chrysler Automobiles- à Kénitra produit des véhicules électriques, à travers les modèles Citroën AMI et Opel Rocks-e, dont la quasi-totalité de la production est destinée à l’export. Le site marocain du groupe bénéficie de l’orientation stratégique prise pour le segment électrique.
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Après Stellantis, c’est au tour de Renault d’afficher ses ambitions dans l’électrique. Fabriquant à ce jour au Maroc des modèles uniquement thermiques, le groupe français a annoncé l’affectation à l’usine de Tanger de la fabrication du premier véhicule de mobilité partagée de la marque Mobilize. Il s’agit d’un véhicule de deux places 100% électrique, compact et connecté.
Ainsi, l’usine de Tanger sera dotée d’une nouvelle ligne de montage d’une capacité extensible à 17.000 véhicules par an. Celle-ci intégrera toutes les spécificités d’un véhicule électrique. Et outre le fait d'être électrique, le modèle Mobilize Duo ambitionne d’intégrer 50% de matériaux recyclés dans sa fabrication, tout en étant recyclable, en fin de vie, à 95%.
Mais le Maroc ne compte pas s’arrêter au montage de véhicules électriques. Le Royaume souhaite bien intégrer la chaîne de valeur de ce segment de l’industrie automobile. Ainsi, après avoir monté un écosystème automobile derrière la forte hausse du taux d’intégration au niveau des véhicules thermiques construits dans le pays, le Maroc compte aussi développer un écosystème dédié à la voiture électrique, en commençant par l’élément fondamental des voitures électriques: les batteries. A ce titre, Renault et Managem ont signé un partenariat à travers lequel le groupe minier marocain affecte 70% de sa production de cobalt au constructeur français afin d’assurer la production de batteries électriques.
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Grâce à cet approvisionnement, Renault pourra booster sa production de voitures électriques en réduisant sa dépendance des batteries importées d’Asie. «Le gouvernement soutiendra l’industrie minière dédiée à l’automobile. Outre le cobalt, il est prévu d’élargir l’approvisionnement à d’autres métaux comme le cuivre par exemple. Le Maroc a franchi une nouvelle étape pour améliorer son taux d’intégration et il sera une plateforme de sourcing pour les constructeurs de voitures électriques», a souligné Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du commerce du Maroc. Ce dernier a également souligné que le Royaume négociait avec les fabricants de batteries la construction d’une giga-usine avant la fin de 2022. Une telle unité donnera une impulsion nouvelle au développement de la voiture électrique au Maroc.
De même, la présence de l’entreprise franco-italienne STMicroelectronics, qui a inauguré une nouvelle ligne de production dédiée aux éléments utilisés dans les voitures électriques, notamment les puces de nouvelle génération, pourrait aussi soutenir la production de véhicules électriques.
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Concernant ses ambitions, le Maroc compte porter sa production de véhicules électriques à 100.000 unités par an d’ici deux à trois ans et consolider sa position de leader du secteur automobile (thermique et électrique) avec une production qui devrait atteindre plus de 1 million de véhicules à l’horizon 2025.
Egypte: réussir le virage électrique pour rattraper les leaders du continent
Après avoir raté le développement de l’industrie automobile classique, l’Egypte ne veut pas rater le virage de la voiture électrique, segment sur lequel le pays affiche ses ambitions de devenir une plaque tournante. A ce titre, le pays des pharaons compte démarrer la production de voitures électriques en 2023 dans le cadre d'un partenariat entre l'entreprise Al Nasr Automotive Manufacturing Company (Natco) et la société chinoise Dongfeng Motor Corporation. L’unité de production que les deux parties comptent mettre en place va démarrer avec la production de 50.000 unités par an. Ces voitures, qui seront produites sous la marque Nasr E70, pourront atteindre la vitesse de 145 km/h avec une autonomie de 400 km par charge.
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Pour ce qui est du taux d’intégration, l’Egypte cible 45% au départ. Pour y arriver rapidement, Al Nasr a signé avec Valeo Egypt, filiale de Valeo France, leader dans la conception, le développement et la production de composants automobiles, un mémorandum d’entente visant la coopération dans le développement de différents composants de différents modèles de véhicules électriques en Egypte. De même, dans le cadre du partenariat avec les Chinois, trois modèles de voitures électriques seront disponibles en Egypte, en fonction de la capacité des batteries. Ces dernières seront fabriquées au départ en Chine, mais dans le cadre des accords entre les deux pays, un transfert de technologie est prévu ultérieurement pour permettre la fabrication des batteries des voitures électriques en Egypte. Trois modèles de voiture électrique devraient être disponibles dans le cadre de ce partenariat.
Par ailleurs, l’allemand Mercedes-Benz a fait part de son intention de consolider sa présence en Egypte et d’y implanter une unité de production de voitures électriques, tandis que le groupe Stellantis compte implanter une unité de production de voitures électriques dans le pays en partenariat avec le conglomérat Mansour Group, deuxième plus grande entreprise nationale en termes de chiffre d’affaires.
Si dans une première phase, la production des trois acteurs sera dédiée essentiellement au marché local, les autorités égyptiennes envisagent aussi l’exportation d’une partie de la production vers les pays du Moyen-Orient et d’Afrique.
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Afin d’accompagner cette industrie de voitures électriques, les autorités égyptiennes ont décidé de construire 3.000 bornes de recharge rapide à même d'alimenter deux véhicules simultanément. En plus, les autorités comptent encourager l’usage des véhicules électriques en offrant des incitations aux acquéreurs. Elles souhaitent notamment remplacer 11.000 taxis classiques par des voitures écologiques et les agences gouvernementales seront tenues de remplacer 5% de leurs parcs automobiles par des voitures électriques.
L’Afrique du Sud: la production a du mal à démarrer
L’Afrique du Sud, leader de la construction automobile tous modèles et toutes catégories confondus (voitures de tourisme, utilitaires, camions, bus…), est le pays du continent qui compte le plus de constructeurs automobiles implantés -Toyota, Nissan, Ford, BMW, Volkswagen, Isuzu, etc.- pour un secteur qui représente 7% de l’économie du pays.
Et le géant d'Afrique australe ne souhaite pas rater le virage de l’électrique. Pourtant, dès 2012, Optimal Energy a développé localement une voiture électrique baptisée Joule. Il s’agit d’un monospace électrique de 6 places doté d’un moteur électrique et d’une batterie lithium-ion offrant une autonomie de 200 km et une vitesse de pointe de 135 km/h. Toutefois, la voiture n’a pas connu le succès escompté.
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Le gouvernement sud-africain, qui a du mal à sortir du charbon pour sa production d’électricité, compte réussir le passage des voitures thermiques vers celles électriques. A ce titre, il a accordé des licences à plusieurs constructeurs automobiles déjà implantés dans le pays, dont Toyota, BMW, Nissan et Volkswagen.
Le premier véhicule hybride (à la fois essence et électrique) du continent est d’ailleurs sorti de l’usine Toyota de Durban. Il s’agit de la Corolla Cross, un SUV hybride, dont la production devrait atteindre 4.000 exemplaires en 2022.
Le géant allemand BMW, présent dans le pays, a annoncé que tous les véhicules lancés à partir de 2025 seront électriques et que le tout électrique est programmé pour 2030 avec un plan d’investissement de 40 milliards de dollars. Cet objectif devrait bénéficier à la filiale sud-africaine du géant allemand.
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Le pays a aussi lancé un projet auprès d’investisseurs potentiels pour produire davantage de véhicules électriques dans le pays.
Seul hic, le pays fait face à un déficit électrique inquiétant avec des coupures d’électricité devenues récurrentes qui entravent la production automobile et découragent les acheteurs potentiels locaux de véhicules électriques.
Bref, la production de voitures électriques en Afrique est encore timide, mais devrait suivre l’évolution mondiale dans un contexte de transition énergétique. Au-delà de la production de voitures électriques, le continent a aussi une importante carte à jouer, notamment dans le domaine stratégique de la production de batteries électriques grâce aux minerais nécessaires à la fabrication de celles-ci: cobalt, lithium, cuivre, nickel… Toutefois, pour tirer pleinement profit de cette industrie, les pays africains doivent s’engager dans la transformation des ressources naturelles au niveau du continent.