Le nouveau site minier d’Eramet est situé à une petite demi-heure de route de Moanda, à 500 km des côtes à l’intérieur du Gabon. Ici, nuit et jour, de gigantesques camions et des pelleteuses s’affairent pour ramasser du manganèse, l’autre or noir du pays. La plateforme d’exploitation s’étend à perte de vue avec une équipe de production toujours au taquet.
«De ce site, on arrive à traiter de l’ordre de près de deux millions de tonnes/an de minerais fins. Et ces deux millions de tonnes sont traitées en fonction de la capacité à traiter la partie valorisable. A partir de ces deux millions de tonnes, on génère aussi les déchets. Donc 50% de ces deux millions de tonnes sont transformés en produit et les autres 50% sont transformés en déchet. Tous les produits stériles qui ne sont plus valorisables sont stockés dans une digue de façon controlée, et à l’intérieur, on a des eaux qu’on recycle et qui servent à faire le lavage des produits», explique Gabin Hervé Lendoye, responsable de production à Comilog.
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C’est depuis juin 2014 que le Gabon a lancé sa première usine de transformation locale de manganèse. Le complexe a mis fin à 50 ans d’exportation de ce minerai à l’état brut. 8 ans après la mise en place de ce chantier, le complexe métallurgique de Moanda présente l’une de ses premières prouesses: son atelier produit désormais le monoxyde de carbone qui est un gaz incolore à multiples usages.
Idriss Moundoungou, chef du département procédés à Comilog, nous en parle: «Ce produit va être acheminé vers divers clients sous plusieurs applications. Par exemple, il y a l’industrie des piles, les voitures électriques, des batteries et l’agroalimentaire. Toutes ces applications vont consommer ce nouveau produit. La particularité de ce nouveau produit est qu’il est utile à la chimie.»
Les réserves significatives de la mine de Moanda permettent au Gabon d’envisager de poursuivre son programme de croissance sur plusieurs années. Un procédé alternatif de traitement à sec d’une partie du minerai a démarré fin 2018, afin d’allonger la durée de vie du plateau de Bangombé actuellement exploité. Mais une question demeure: jusqu’à quand la compagnie minière de l’Ogooué peut-elle tenir le défi qualité-prix de ces minéraux sur le marché international?
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«Vous savez tous ces minéraux sont drivés par le prix et l’opportunité. Donc le marché suit. Peut-être qu’à un moment, donné ce manganèse redeviendra bon marché... Le manganèse a encore de beaux jours au moins dans l’acier. Parce qu’on n’a pas fini de se développer, on n’a pas fini de construire des ponts et des chemins de fer. Dans tout ce qui est construction d’infrastructures et d’automobiles, on a besoin d’acier et on a encore besoin de manganèse», affirme Léon Paul Batolo, administrateur directeur général de Comilog.
La qualité, la préservation de l’environnement et la maîtrise énergétique étant au cœur des processus de production, Comilog a pour défi de devenir l’une des premières sociétés minières d’Afrique certifiée en Système de Management Intégré (SMI). «Aujourd’hui on a développé les politiques de biodiversité très impactantes par les actions de revégétalisation et de réhabilitation des plateaux. Ainsi, quand on extrait le manganèse du sous-sol, on ne laisse pas des trous béants. Au contraire, on reprofile le paysage tel qu’il était au départ» explique Flore Mouele, directeur du développement durable à Comilog.
Grâce à une exigence de tous les instants, que ce soit en termes de qualité, de sécurité ou de préservation de l’environnement, Comilog est aujourd’hui le 1er producteur mondial de manganèse.