Gabon: piment, menthe, avocat, mangue... bienvenue là où «La terre ne ment pas»

Le 29/06/2023 à 08h11

À Libreville, Landry Ngomo, la quarantaine révolue, s’est reconverti en agriculteur qui allie innovation et respect de l’environnement. sur le site où il assure la culture, grâce à la technique de culture hors sol, de produits agricoles.

Ancien agent de la sécurité sociale, Landry s’est reconverti dans la fruiticulture, voilà bientôt onze ans. Dans son verger de près de 1000 mètres carrés au quartier haut de Gué-Gué dans le 1er arrondissement de Libreville, ce passionné des métiers de la terre cultive papaye, fruits de la passion, épinards, piments, menthe, corossol, avocats, mangues greffées et bien d’autres cultures. Une fois muris, c’est lui-même qu’il fabrique des jus à partir des fruits de son exploitation.

«J’ai eu la chance d’être soutenu. Ce n’est pas l’école que j’ai appris ce métier. Je travaille seul parce que je n’ai pas de moyens. Aujourd’hui, je peux produire du jus à base du fruit de la passion. Je peux produire du piment de cayenne. Avec le fruit de la passion on peut produire beaucoup de choses. Et c’est l’économie assurée!» s’exalte, Landry Ngomo.

Landry a été primé par la plateforme Jeunesse Yira Entrepreneurs en remportant le premier prix des jeunes entrepreneurs en 2019. C’était à l’occasion de la première édition «Live Entrepreneurs». Une distinction obtenue grâce à son projet portant sur la culture du piment de Cayenne.

Selon les experts, la consommation du piment de Cayenne stimule les glandes salivaires. Il facilite entre autres, le processus digestif. D’ex-agent de la sécurité sociale à entrepreneur agricole, la reconversion de Landry s’est avérée une sage décision, dans un contexte national marqué par la crise de l’emploi qui frappe plus de 60% des jeunes Gabonais.

Ici comme ailleurs, beaucoup de jeunes sont formés à des métiers sans de réels débouchés. Pire, l’absence de protection sociale contraint certains à se risquer dans des emplois de qualité médiocre où les normes minimales de travail ne sont pas respectées.

Landry pense donc qu’il ne reste plus à la jeunesse qu’une option, celle de revenir à la terre, car selon lui: «La terre ne ment pas».

«J’ai l’habitude de venir ici. Parce que j’ai déjà goûté plusieurs de ses fruits. Je suis venu par exemple ce matin me procurer le jus de fruit de la passion qui est d’excellente qualité», confie Quentin Boundjé, client du verger.

Au Gabon, ce secteur apparaît rarement en tête des choix de carrière «les plus populaires» chez les jeunes. Le travail de la terre est perçue comme un vestige du passé et l’antithèse du progrès. Tous les métiers liés à la terre possèdent pourtant un gros potentiel de création d’emplois. D’après les experts, l’agriculture doit redorer son image afin d’attirer davantage de jeunes. C’est une interpellation à l’endroit des décideurs politiques qui sont censés proposer une éducation et une formation appropriées.

Landry Ngomo admet que les débuts n’ont pas été faciles.

Par Ismael Obiang Nze (Libreville, correspondance)
Le 29/06/2023 à 08h11