Nigeria: après plusieurs reports, la date de l’inauguration de la plus grande raffinerie d’Afrique de Dangote officiellement annoncée

Le 09/05/2023 à 12h30

Après trois reports, la date de l’inauguration de la plus grande raffinerie de pétrole appartenant à l’homme d’affaire Aliko Dangote, a été officiellement fixée. Une date symbolique devant marquer l’un des derniers actes de la présidence de Muhammadu Buhari. Quant à la raffinerie, elle aura des impacts considérables sur l’économie nigériane.

C’est le 22 mai courant que sera inaugurée la grande raffinerie d’Aliko Dangote, l’homme d’affaires nigérian, le plus riche du continent. «La raffinerie de pétrole géante du Nigeria, Dangote, devrait être mise en service le 22 mai, selon une invitation de la société», souligne l’agence Bloomberg. Même son de cloche chez Reuters qui annonce que «le président nigérian Muhammadu Buhari mettra en service la raffinerie de pétrole de plusieurs milliards de dollars de Dangote dans deux semaines», citant un porte-parole de la présidence nigériane.

Cette nouvelle annonce, qui intervient après trois reports, intervient à une semaine du départ du chef de l’Etat nigérian Muhammadu Buhari qui cèdera sa place à la tête du pays au président élu Ahmed Bola Tinubu. Un choix qui reflète les excellentes relations entre le chef de l’Etat sortant et l’homme d’affaire. D’ailleurs, avant la raffinerie, le président nigérian sortant avait marqué de sa présence l’inauguration de la méga-usine d’engrais en 2022.

Cette inauguration de Dangote Oil Refinery est très attendue au Nigeria et dans la sous-région. Installée dans un grand complexe industriel du groupe Dangote Industries Limited, comprenant entre autres une unité pétrochimique et une autre de production d’engrais, cette raffinerie est dotée d’une capacité de traitement de 650.000 barils par jours. Ce qui en fait la plus grande d’Afrique et la 6e au monde. Elle produira de l’essence, du diésel, du carburéacteur et d’autres produits pétroliers raffinés.

Initialement estimé à 15 milliards de dollars, le coût final de cette raffinerie, dont la construction a démarré en 2016, est actuellement évalué à 20 milliards de dollars. Plus de 60% du coût de cette raffinerie est apporté par l’homme d’affaires. La Compagnie nationale nigériane des hydrocarbures (Nigerian national petroleum corporation, NNPC) devrait acquérir 20% du capital de la raffinerie après avoir débloqué la bagatelle somme de 2,76 milliards de dollars. Elle est censée répondre à la totalité des besoins en carburants du Nigeria, premier producteur de pétrole du continent mais qui importe la quasi-totalité de ses produits pétroliers raffinés.

La mise en service de cette raffinerie aura des impacts positifs sur l’économie nigériane. D’abord, en remplaçant les importations de carburants par la production locale. La raffinerie permettra au Nigeria d’économiser annuellement plus de 7,5 milliards de dollars en devises. Ensuite, l’exportation de l’excédent, notamment vers les pays africains, permettra d’engranger des recettes conséquentes. Ses deux effets combinés vont contribuer à l’amélioration de la balance commercial et à celle de la balance des opérations courantes du pays. Une situation qui ne manquera pas d’impacter positivement sur la monnaie nigériane, le naira, qui pâtit de la faiblesse des réserves de change du pays.

En outre, cette unité devrait permettre au Nigeria de sécuriser ses approvisionnements en carburants et de ne plus dépendre du marché international et donc des tensions récurrentes. Par ailleurs, cette raffinerie va contribuer à la création de plusieurs milliers de postes de travail. A ce titre, le complexe industriel qui comprend la raffinerie, l’usine d’engrais et une de polypropylène va générer plus de 70.000 emplois directs et indirects.

Enfin, cette unité va contribuer à la diversification de l’économie nigériane, la première du continent. Elle pourra aussi faciliter la tâche au gouvernement nigérian qui est engagé dans une politique visant à mettre fin aux subventions des carburants. En effet, avec une production locale utilisant du pétrole nigérian léger et facile à raffiner, la raffinerie de Dangote pourra mettre sur le marché du carburant à un prix compétitif comparé à celui importé d’Europe.

A noter qu’avec sa mise en service, cette unité va représenter près de la moitié des actifs de l’homme le plus riche d’Afrique dont Bloomberg estime la richesse à un peu plus de 20 milliards de dollars dont Dangote Cement est pour le moment le vaisseau amiral.

Par Moussa Diop
Le 09/05/2023 à 12h30