Dans sa stratégie de «deep localization» (localisation en profondeur) pour la région Moyen-Orient et Afrique présentée lors de l’Investor Day 2024, Stellantis démontre à quel point il accorde un rôle clé à ses centres d’ingénierie au Maroc et en Turquie. Avec des coûts compétitifs et une expertise de pointe, ces deux pays émergents constituent un atout majeur pour le développement de nouveaux véhicules destinés aux marchés en croissance de la région.
Des capacités d’ingénierie renforcées
Disposant de deux centres d’ingénierie implantés au Maroc et en Turquie, Stellantis entend les renforcer pour développer localement de nouvelles gammes de véhicules. Ces centres emploient «des milliers d’ingénieurs à des coûts compétitifs» capables de réaliser la conception intégrale d’une nouvelle ligne de produits sur la base de plateformes techniques existantes.
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Bien qu’aucun chiffre précis ne soit donné, Stellantis possède des capacités d’ingénierie conséquentes dans ces deux pays clés de la région Méditerranée, faisant d’eux des piliers essentiels de sa stratégie de délocalisation des activités de R&D.
Des coûts d’ingénierie très compétitifs
Au-delà des seules compétences, ces centres d’ingénierie bénéficient d’un avantage de coûts non négligeable dans ces deux pays à salaires relativement bas par rapport aux centres traditionnels d’Europe de l’Ouest. En délocalisant une partie de son ingénierie dans ces deux pays à bas salaires, Stellantis vise à réduire ses coûts fixes de développement de -27% par rapport aux pays occidentaux. Comme explique Samir Cherfan, directeur des opérations Moyen-Orient et Afrique de Stellantis, lors de la Journée des investisseurs du 13 juin, « la compétitivité en matière d’approvisionnement est essentielle. 80% de notre production proviendra de deux puissances, le Maroc et la Turquie, à des coûts chinois.
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Cela représente 800.000 unités de production à moins 27% par rapport aux pays occidentaux. C’est le résultat d’un long processus visant à établir la disponibilité des matières premières de premier rang, de deuxième rang et de troisième rang, à un niveau de compétitivité de référence. Nous atteindrons une capacité de production d’un million d’unités d’ici 2027», annonce-t-il.
Ainsi, les principaux piliers de la stratégie de localisation en profondeur de Stellantis pour la région Moyen-Orient et Afrique se résument à renforcer les capacités d’ingénierie locales; bénéficier d’avantages de coûts compétitifs; augmenter de manière drastique le taux d’intégration locale et développer des programmes véhicules spécifiques. Au total, 17 nouvelles lignes de produits réparties sur 5 marques différentes, allant des berlines compactes aux utilitaires en passant par la micro-mobilité électrique, seront conçues spécifiquement pour ces marchés régionaux.
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Si aucun détail n’est fourni sur les rémunérations des ingénieurs locaux, nul doute que ces pays offrent un réel avantage en termes de masse salariale pour ces fonctions d’ingénierie très qualifiées. Un atout de poids dans un contexte de forte pression sur les coûts fixes de développement dans l’industrie automobile.
Quel pays leader pour l’ingénierie régionale ?
Si le Maroc et la Turquie apparaissent comme des bases majeures pour l’ingénierie de Stellantis au Moyen-Orient et en Afrique, aucune indication ne permet de départager leur poids respectif. Avec ses 750.000 unités de capacité installée en 2023, contre une industrie locale de 4 millions de véhicules, la Turquie semble disposer d’infrastructures les plus conséquentes.
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Mais le Maroc, de par sa situation géographique privilégiée et son régime de libre-échange avec l’Union européenne, tire également son épingle du jeu. Une chose est sûre: l’avenir de Stellantis dans cette région clé pour sa croissance future reposera en grande partie sur la capacité de ces deux pays à fournir une ingénierie de pointe à moindre coût sur le développement de produits locaux. Un potentiel d’innovation à suivre de près.