Le G7 sort-il le chéquier pour se donner bonne conscience? Est-il en train d’assoir l’influence des banques multilatérales, et par ricochet celle des grands pays donateurs? Face au chantier colossal du développement durable en Afrique, le G7 sort les grands moyens... et les grands mots ! Au menu: capital hybride, revue CAF et autres mécanismes financiers innovants.
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Le récent sommet du G7 en Italie a réaffirmé l’engagement des principales puissances économiques à soutenir les banques multilatérales de développement (BMD) dans leurs efforts pour relever les défis mondiaux, notamment en Afrique. Face aux difficultés croissantes des pays à revenu faible et intermédiaire, le G7 met l’accent sur des mécanismes innovants visant à augmenter substantiellement les capacités de financement des BMD.
Ainsi, les 7 grandes économies que sont le Canada, la France, l’Allemagne, l’Italie, le Japon, le Royaume-Uni et les États-Unis annoncent des contributions concrètes aux principales BMD opérant en Afrique. Pour la Banque africaine de développement (BAD), les pays du G7 s’engagent à apporter jusqu’à 150 millions de dollars en dons, capitaux concessionnels et commerciaux à l’Alliance pour les infrastructures vertes en Afrique (AGIA). Cette initiative vise à mobiliser des capitaux mixtes pour constituer un portefeuille de 10 milliards de dollars de projets d’infrastructures vertes bancables sur le continent. Le G7 espère ainsi catalyser jusqu’à 3 milliards de dollars d’investissements privés dans ces projets.
Pour la Banque mondiale, les engagements actuels du G7 en capital hybride et garanties de portefeuille permettront d’augmenter les prêts de 70 milliards de dollars supplémentaires sur 10 ans. Le G7 soutient également une reconstitution réussie de l’Association internationale de développement (IDA), le guichet concessionnel de la Banque mondiale pour les pays les plus pauvres.
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Le G7 appelle aussi à une reconstitution substantielle du Fonds africain de développement (FAfD) de la BAD l’année prochaine, tout en encourageant un élargissement de la base des donateurs.
Au-delà des contributions financières directes, le G7 promeut des mécanismes novateurs pour accroître les capacités de prêt des BMD tout en préservant leur notation de crédit élevée.
Premièrement, la mise en œuvre du cadre d’adéquation des fonds propres du G20 (revue CAF) a déjà débloqué plus de 200 milliards de dollars de financements supplémentaires sur 10 ans. Le G7 appelle à poursuivre cette mise en œuvre pour libérer davantage de ressources.
Deuxièmement, les pays du G7 soutiennent l’émission par les BMD d’instruments innovants comme le capital hybride et les garanties de portefeuille pour mobiliser des capitaux privés.
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Troisièmement, le G7 encourage les BMD à explorer des moyens de mieux refléter la valeur de leur capital d’appel dans leurs méthodologies d’adéquation des fonds propres, en concertation avec les agences de notation.
Contribution au développement durable
Ces mesures visent à renforcer considérablement les capacités de financement des BMD, notamment en Afrique, pour soutenir les objectifs de développement durable (ODD) et la transition énergétique verte.
L’initiative AGIA de la BAD, par exemple, vise à accélérer la transition énergétique, combler le déficit d’infrastructures et promouvoir la résilience climatique en Afrique grâce à des investissements massifs dans les infrastructures vertes.
De plus, le G7 réaffirme l’importance de fournir un soutien concessionnel substantiel aux pays à faible revenu, notamment via les guichets concessionnels des BMD comme l’IDA et le FAfD.