La Me'Ndza des peuples fang du nord du pays, ou sauce de feuille de manioc salée à la pâte d'arachide, est l'équivalent du Saka-saka en Afrique de l'Ouest, particulièrement au Sénégal. Les spécialistes en gastronomie s'accordent à dire qu'il s'agit là d'un incontournable des tables gabonaises.
Sur les étals de ce petit marché de Libreville, l'un des légumes les plus en vue est incontestablement la feuille de manioc, vendue séchée, ou pilée au mortier.
Le Me'Ndza ou la sauce de feuille de manioc est un plat intemporel, issu des traditions et des savoirs lointains dont la recette se transmet de génération en génération. Il existe quasiment autant de versions de Me'Ndza que de d'ethnies, chacune gardant jalousement ce qu’elle considère comme sa touche secrète.
Les préparatifs de cette recette du déjeuner, pour Ornella Mengue, commencent, dans ce marché de Libreville, avec l'achat de feuilles de manioc pilées et déjà ensachées, mais aussi des tomates, des oignons, du piment, des crevettes fumées, et un peu d'huile.
Voilà les ingrédients nécessaires à la cuisson de ce repas: "vous voyez pour pas grand chose, j'ai fait le tour des commandes du menu. Ça m'a valu juste 5.000 Francs CFA. Or, s'il s'agissait du marché de la volaille ou de la viande cela coûterait les yeux de la tête, par les temps qui courent", confie-t-elle, avançant comme raison l'aspect économique de ce mets populaire.
En effet, une seule marmite de feuilles de manioc peut faire le bonheur d'une dizaine de personnes à table.
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Ornella Mengué confirme que les feuilles de manioc sont au rendez vous de toutes les cérémonies au Gabon: "on peut les mélanger à de la viande ou au poisson séché, et agrémenter [le plat] par des crevettes fraîches, ce que je vais faire aujourd'hui. C'est un plat qui est habituellement servi les week-end, lors des repas de famille et même en semaine. Pour mieux l’apprécier, on l’accompagne avec du manioc, du riz ou des doigts de banane".
Dans certaines provinces du pays, notamment au nord et au centre, ce plat se prépare aussi sucré.
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A table, déjà servi, Jean-Ralph Ondo est presque sur le point ''d'avaler sa langue'', selon une expression gabonaise signifiant que c'est délicieux. "Ce sont les mains qui préparent qui changent [le goût du plat], mais la recette ne change pas. Ce plat, je l'adore", explique-t-il joyeusement.
Inconstestablement, la gastronomie d'un pays permet de connaître sa diversité culturelle à travers les habitudes alimentaires d’un peuple. Bien que méconnu, l’art culinaire gabonais est aussi riche que varié, et mérite de ce fait, une meilleure visibilité auprès des amoureux de la belle cuisine africaine.