C’est au fond de la grotte Iroungou, cachée dans la forêt dense du sud du Gabon, que le géo-archéologue Richard Oslisly a découvert fin 2018 une cavité composée d'un amoncellement de squelettes et d'objets datant du XIVème siècle, et qui retraçaient les grands axes de la mobilité des premiers habitants du Gabon et leurs axes commerciaux. La découverte concernait, entre autres, 17 squelettes humains, 1.490 perles en calcite, 39 dents et 127 coquillages marins percés. Il s’agit là d’un précieux patrimoine, unique dans la sous-région et sur le continent.
«Quand vous avez un amoncellement d'ossements et d'objets, ça veut dire que les personnages étaient importants. Il fallait savoir de quand ça datait et procéder à une série d'analyses. On a travaillé avec la modélisation 3D. On a fait venir des spécialistes de la modélisation de l'université de Bordeaux pour scanner la grotte. Les ossements ont été datés par la méthode du carbone 14. Ce qui nous a permis de savoir qu'ils datent du XIVème siècle», affirme Oslisly, commissaire de l'exposition.
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Ces objets et ossements humains ont été retrouvés sur trois niveaux, au bout des 25 mètres de corde nécessaires pour toucher le fond de la grotte, une véritable «caverne d’Ali Baba» découverte par ce chercheur français. Plusieurs de ces objets n'ont pas de fonctions connues. Richard Oslisly a même fait «prélever les dents trouvées dans la sépulture pour des analyses génétiques». «On a reçu les premières analyses génétiques. On peut savoir que ces populations avaient une histoire génétique qui remonte jusqu'en République démocratique du Congo, jusqu'au Malawi. C'est intéressant de voir que ces populations ont migré avec les gênes de ces régions-là», déclare-t-il.
L'exposition attire et suscite la curiosité des écoliers et des étudiants, qui défilent par dizaines vers le Musée national pour entrer dans l'univers de cette fabuleuse découverte. «Nous sommes effectivement là pour visiter la grotte dont on a entendu parler. (...) C'est merveilleux de voir ça, la beauté de ce que nous avons en terre gabonaise», se réjouit Lutricia Bayone, visiteuse de l'exposition.
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Dans les villages autour d’Iroungou, les chercheurs ont interrogé les anciens. En vain, personne ne connaissait l’existence de cette grotte, et les villageois disent n’avoir aucune idée de qui pouvaient être ces hommes et femmes. Aux dernières nouvelles, les recherches lancées se poursuivent à ce jour afin d’approfondir davantage les connaissances sur la grotte.