Gabon: le célèbre maître de cérémonie, Charly Tchatch, se découvre une fibre d'entrepreneur

VidéoAvec une idée simple et une capacité à prendre des initiatives, il est possible de créer son entreprise pratiquement à partir de rien. C'est ce que le célèbre maître de cérémonie gabonais, Charly Tchatch, a essayé de démontrer en louant des parapluies et des chaises dans des abribus. Et ça marche.

Le 13/03/2022 à 11h25, mis à jour le 13/03/2022 à 12h36

«Soyons audacieux. N’attendons rien de l’Etat, car l’Etat ne connaît pas notre état». On doit cette déclaration à Charly Tchatch. Très connu pour son aisance dans l'art oratoire dans l'animation des grands évènements internationaux, ce jeune Gabonais, la trentaine révolue, porte un projet novateur dans l'auto-emploi. Il loue les chaises et des parapluies aux usagers, parfois massés devant les abribus, faute de places assises.

«L'idée, c'était d'apporter une chaise à toutes ces personnes qui sont fatiguées et qui ont mal au dos. Afin de pas rester trop longtemps debout et "patienter" le bus en étant assis. A cela j'ajoute un parapluie pour permettre aux uns et aux autres de se protéger en cas d'intempéries. Le message que je partage aux uns et aux autres, c'est devenons autonomes», soutient-il. 

Le projet de Charly Tchatch est appuyé par une vaste campagne de proximité autour des points des abribus. Il connaît déjà un succès auprès des usagers.

«Le travail vient de Dieu. Et il n y a pas de sots métiers. A partir ce projet, il peut réaliser beaucoup de choses. Je l'encourage vraiment. Je demande par ailleurs aux jeunes comme lui d'en faire autant», lance madame Nguema Ezang, une sexagénaire très touchée par le courage de Charly Tchatch.

En effet, l'un des objectifs de Charly Tchatch est d'amener les jeunes désœuvrés de Libreville à se mettre à leur propre compte. Son slogan, devenu tout un concept, est: «S'll n'y a pas l'emploi, y a le travail».

Diplômé en sociologie, Charly Tchatch était déjà entrepreneur alors qu'il étudiait à l'université Omar Bongo de Libreville. Il achetait des friperies qu’il revendait. Avec les petites économies qu’il avait pu réaliser, il s'était ensuite lancé dans la vente des produits de pâtisserie sur le campus. Pour ce faire, il allait récupérer les produits à 350 fcfa qu’il revendait à 500 fcfa sur le campus. Les affaires marchaient bien pour lui jusqu’au moment où les responsables de l’université ont décidé de l'expulser.

Charly Tchatch a alors décidé de créer sa propre sandwicherie. En manque de fonds d’investissement, il s'est tourné vers les banques pour avoir un prêt. Sans caution, ni garantie, Charly Tchatch savait qu’il avait peu de chance d’être pris au sérieux par le personnel de la banque, mais il a tout de même décidé de tenter sa chance. Audacieux, une fois arrivée à la banque, il a demandé le bureau du responsable des crédits et lui a raconté son histoire, son parcours entrepreneurial. La responsable, impressionnée, a accepté de financer personnellement son projet.

Mais, le petit restaurant de Charly Tchatch ne faisait pas assez de bénéfices. Il a donc été obligé de le fermer et s'est retrouvé sans emploi et sans domicile. Il a passé un mois chez une ex-petite-amie et plus d’un an dans un bureau du conseil national de la jeunesse du Gabon où il était volontaire. Les soirs, il dormait sur le plancher de son bureau.

Et c'est dans les bureaux du conseil national de la jeunesse, que Charly Tchatch s’est découvert un talent d’artiste chanteur. Ses chansons ne sont ni en français ni en anglais. C’est une invention propre qu’il a baptisé le tchatching.

De son vrai nom Hanse Charly Mougniengou, le jeune Gabonais n'a toujours pas fini d'impressionner par son audace et son courage.

Par Ismael Obiang Nze (Libreville, correspondance)
Le 13/03/2022 à 11h25, mis à jour le 13/03/2022 à 12h36