Le Gabon, trop dépendant de l’extérieur, importe pour près de 1,5 milliard de dollars de produits de première nécessité, soit une note colossale de 824 milliards de francs CFA par an pour nourrir sa population. Et aujourd'hui, sur les marchés et les grandes surfaces commerciales, les prix des produits importés (farine, huile, sucre, etc.) s’envolent et la crainte de pénuries alimentaires est déjà redoutée dans les grands centres urbains.
Une situation presque inconcevable pour Christian Abiague, président de l’ONG SOS Consommateurs, en visite d’inspection des prix dans l’un des plus grands marchés de Libreville. «Nous subissons de plein fouet les effets de la crise internationale, une inflation dont les experts disent qu'elle pourrait passer à deux chiffres. Donc il est urgent que nos autorités prennent des mesures qui permettent de renforcer la résilience de nos populations», exhorte-t-il.
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Le mécanisme de défiscalisation de certains produits, instauré en 2012 et destiné à maîtriser les coûts de certains produits de consommation de base, a été renouvelé il y a deux ans. Le nouveau dispositif concerne 58 produits de première nécessité consommés essentiellement par les ménages disposant de revenus modestes: les produits laitiers, la volaille, les cotis (petites côtes de porc) et certaines variétés de riz.
Mais pour la Confédération gabonaise des syndicats des commerçants, remporter la bataille de la souveraineté alimentaire revêt un enjeu capital pour le pays qui est impacté par la crise internationale actuelle.
«Les Gabonais ont un rôle central à jouer. Il faut qu'ils soient les acteurs de l'économie réelle. Tant qu'ils seront des consommateurs, nous allons toujours faire face à ces difficultés», s'inquiète Abass Nziengui, président de la COGASYC.
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Le faible poids de l’agriculture est devenu encore plus inquiétant au Gabon depuis le début de la crise en Ukraine. Le gouvernement, appuyé par les partenaires au développement, accompagne les promoteurs agricoles dans le montage des projets. Sur le terrain, quelques actions sont visibles, à l’image du projet de formation des jeunes agripreneurs que conduit Brice Walter: «Nous sommes dans le cadre d'une formation pour booster les jeunes et leur donner l'envie de s'intéresser aux métiers agricoles. Le pétrole est en voie de disparition, nous sommes donc en train d'entamer le retour à la terre. Et ce retour passe par un changement de mentalité», souligne-t-il.