Organisé par le Département de recherche sur les dynamiques sociales en collaboration avec le Groupe de recherche sur les questions de genre, deux entités de l'Institut de recherche en sciences humaines (IRSH) de l'Université Omar Bongo, le colloque réunit d'éminents chercheurs africains autour de la problématique des interruptions volontaires de grossesses (IVG) depuis 2019. La réflexion initiée à la faveur de ces assises est élargie au réseau africain spécialisé dans la reproduction. Paralysés dans leur élan par deux ans de crise sanitaire due à la pandémie de Covid-19, les chercheurs de la sous-région ont néanmoins commis un ouvrage compilant leurs contributions croisées sur un phénomène connu par plusieurs pays du continent. Il est intitulé «Faire sortir la grossesse».
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«C'est pour cela que nous avons impliqué les médecins, les sages-femmes, les pharmaciens. Tout le monde s'est intéressé à cette question. C'est pour montrer que la question vaut la peine d'être posée. Nous confrontons maintenant notre réflexion avec des scientifiques du Gabon et de l'étranger pour voir au niveau de la méthodologie ce qui a moins bien marché et ce qu'il faut améliorer pour que les documents scientifiques que nous allons produire puissent être consultés par tout le monde, y compris les médias», a expliqué Noëlline Salah, chercheuse à l'IRSH.
L'IVG reste conditionnée par tellement de critères que l'avortement clandestin tend à devenir la norme un peu partout en Afrique. Selon les dernières données de l'organisation mondiale de la santé (OMS),3 avortements sur 4 pratiqués sur le continent ne sont pas sécurisés. Par pudeur, beaucoup de femmes victimes de viol ou d'inceste hésitent à en parler. Et les malformations fœtales, qui peuvent aussi justifier un avortement, sont rarement identifiées à temps. Les situations s'enchaînent avec des causes bien diverses qui interviennent dans certains cas contre la volonté de la femme.
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Pour Gerorges Moussavou, chef du Département de recherche sur les dynamiques sociales, il faut bien cerner le débat des IVG chez la femme avant d'en arriver aux solutions. «Elle tombe enceinte parce qu'elle a eu un rapport sexuel avec un homme. Quelle a été la position de cet homme vis-à-vis de cette grossesse? Quel est l'accompagnement qu'il garantit à la partenaire? Entre autres, ce sont les raisons qui amènent à l'avortement. Mais il peut y avoir aussi des avortements thérapeutiques, c'est-à-dire que c'est une grossesse difficile ou extra-utérine, où l'hôpital est obligé d'intervenir parce qu'il faut sauver la maman. Il faut avoir les outils intellectuels et théoriques pour comprendre ces problèmes qui sont des problèmes de société», a-t-il détaillé.
Afin de protéger les femmes confrontées à de telles situations, les chercheurs réunis en colloque à Libreville invitent les autorités à améliorer l'éducation sexuelle et l’accès à l’avortement sécurisé et à renforcer la prévention des grossesses non désirées.