Pour l’Association des femmes juristes du Sénégal (AJS), il est inconcevable que la loi contraigne les victimes de viols ou d’incestes à garder leur éventuelle grossesse jusqu’à son terme. Il faut, par conséquent, réviser les dispositifs législatifs qui pénalisent l’avortement, notamment l’article 305 du Code pénal.
C’est Aby Diallo, présidente de l’Ajs, qui mène le combat pour qu’il y ait rapidement une réforme permettant de corriger ce qu’elle considère comme une injustice. L’argument des femmes juristes est fondé sur les ravages que cette situation pose, puisque de toute évidence, les femmes victimes de ces situations vont recourir à l’avortement.
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Ces opérations clandestines d’interruption volontaires de grossesse se fait dans des conditions sanitaires désastreuses et on en compterait plusieurs milliers par an.
D’autres femmes attendent la naissance de l’enfant pour ensuite s’en débarrasser purement et simplement. Les cas d’infanticides sont également très nombreux et la justice est régulièrement saisie d’affaires de ce genre. Pour toutes ces raisons, il est urgent de faire évoluer la loi.
Sauf qu’en face, il va falloir compter avec la farouche opposition d’une société sénégalaise conservatrice qui considère encore l’IVG comme un meurtre.
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"Il faut s’opposer à la légalisation de l’avortement pour des raisons non médicales. L’Association des juristes sénégalaises doit cesser l’instrumentalisation de l’islam et des statistiques dans sa propagande pour la légalisation de l’avortement dit médicalisé", écrit l’imam Ahmadou Makhtar Kanté sur sa page Facebook.
Selon lui, "dans le cas d’une complication de la grossesse, quelle que soit son origine, le code de déontologie en vigueur au Sénégal prévoit que c’est le personnel médical assermenté, notamment trois médecins, qui doivent évaluer la gravité de la menace qui pèse sur la vie de la femme ou de la fille".
Pour l’imam Kanté, le viol et l’inceste brandis par l’AJS pour demander un assouplissement de la loi ne sont qu’un cheval de Troie pour que l’IVG soit un acte banalisé. Ce n’est "qu’une étape dans le but implicite, et à moyen ou long terme, d’aller vers la légalisation de l’avortement non thérapeutique, autrement dit, l’interruption volontaire de grossesse", craint-il.