Selon les services sociaux, de nombreux enfants gabonais sont sans acte d’état civil. Cette situation est favorisée par la pauvreté, l’ignorance, la précarité des femmes, dont un nombre non négligeable accouche clandestinement du fait des coûts de maternité prohibitifs.
Face à cette situation, une nouvelle opération de restitution des actes de naissance et des jugements supplétifs, débutée à Libreville, se poursuit à l’intérieur du pays.
Sans preuve de leur identité, les enfants sont souvent exclus du système d’éducation au Gabon. Pour pallier cette difficulté, le gouvernement, avec l'appui de l'Unicef, avait lancé entre 2017 et 2018 une campagne nationale d'enregistrement des naissances.
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Au cours de celle-ci,15.000 dossiers d’enfants sans acte de naissance avaient été traités. Dans ce lot, 7.400 enfants légalement «invisibles» restent encore dans l'attente de leur acte de naissance.
Aude est une auxiliaire d'un cabinet d'assistance juridique. Elle reçoit quotidiennement et en moyenne près d'une vingtaine d'usagers en quête de papiers.
"Ce que nous pratiquons c'est la consultation juridique en premier lieu. Elle consiste à comprendre quelles sont les raisons qui motivent la demande du requérant. Généralement les problèmes sont de deux ordres: Soit l'usager n'a pas bénéficié d'une déclaration à la naissance, soit il a égaré son acte de naissance. Et comme cela relève de la compétence du tribunal, nous suivons le dossier jusqu'à ce que le tribunal instruise la mairie à diligenter la procédure d'inscription d'un jugement supplétif au requérant", détaille Aude, qui ajoute que le délai de déclaration de naissance dans une mairie au Gabon étant de trois jours, beaucoup de parents tombent sous le coup de la loi à cause parfois de l'ignorance des procédures ou du fait de la négligence de certains.
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Prisca est une mère d'enfant en union libre avec son conjoint. Leur garçon est né alors que le père était en séjour longue durée à l'étranger. Dans sa situation, les services d'état civil n'ont pas pu lui délivrer l'acte de naissance. Elle a dû batailler ferme pour trouver une solution à la situation de son fils de 13 ans. Grace à un cabinet d'assistance juridique, la procédure lancée depuis un mois vient d'aboutir. "Il n'apprenait que dans les écoles privées qui nous reviennent cher, avec 500.000 Francs Cfa l'année. Cette année, on veut l'inscrire dans un établissement public et c'est ce document qui nous manquait. Je suis soulagée! Les mots me manquent”, soupire-t-elle, presque au bord de l'émotion.