C'est reparti pour une nouvelle série de sanctions de la Cédéao contre la Guinée, qui ne peut, malheureusement, que constater le coup d'Etat en cours contre le président Alpha Condé, réélu en novembre 2020 pour un troisième mandat.
L'organisation ouest-africaine a, néanmoins, décidé de se réunir, dès ce jeudi 9 septembre, pour exiger le retour à l'ordre constitutionnel et a menacé d'imposer des sanctions aux putschistes, voire une fermeture des frontières, comme ce fut le cas avec le Mali en août de l'année dernière lors du coup d'Etat contre le président Ibrahim Boubacar Keïta.
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Vu la position de la Guinée, il est clair qu'une intervention militaire, comme ce fut le cas en Guinée Bissau ou en Gambie, est totalement à exclure, d'autant qu'il ne semble pas y avoir de dissension au sein des forces armées guinéennes, dont le chef d'état-major de l'armée aurait promis sa collaboration aux putschistes.
Par conséquent, il ne restera à la Cédéao que les exigences de retour à la normalité constitutionnelle, l'organisation d'élections pour rendre le pouvoir aux civils, au terme d'une période de transition, et le traitement décent envers le président Alpha Condé, mais également les ex-dignitaires du régime, notamment les membres du gouvernement et les députés.
Or, les putschistes semblent bien conseillés dans ce sens, puisque, dès dimanche, ils ont tenu à montrer dans une vidéo que le président Condé n'a pas été maltraité et ont même essayé de le lui faire dire devant la caméra. Ce que le président guinéen a évidemment refusé. De même, hier lundi 6 septembre, ils ont promis de mettre en place un gouvernement de transition d'union nationale. Finalement, il ne leur reste qu'à annoncer une période de transition pour l'organisation d'élections.
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Il convient de rappeler que le coup d'État de dimanche, au cours duquel Condé et d'autres hauts responsables politiques ont été arrêtés ou empêchés de voyager, est le troisième depuis avril en Afrique de l'Ouest et du Centre, suscitant des inquiétudes quant à un retour au régime militaire dans une région qui avait pourtant fait des progrès vers la démocratie multipartite depuis les années 1990.
Le coup de force a été largement condamné par les puissances internationales, faisant pression sur les nouveaux chefs militaires pour un retour à l'ordre constitutionnel rassurent les investisseurs sur le fait que les importantes exportations de minerai de la Guinée ne seraient pas affectées.
"Une consultation sera menée pour définir le cadre majeur de la transition, puis un gouvernement d'union nationale sera mis en place pour diriger la transition", a déclaré le chef de la junte Mamady Doumbouya, un ancien officier légionnaire français, lors d'une réunion des ministres de Condé et des hauts fonctionnaires du gouvernement.
«À la fin de cette phase de transition, nous donnerons le ton d'une nouvelle ère de gouvernance et de développement économique», a-t-il déclaré, flanqué de soldats armés en bérets rouges.
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Doumbouya n'a pas précisé ce qu'impliquerait la transition ni donné de date pour le retour à des élections démocratiques.
Sa prise du pouvoir a été soutenue par une désaffection généralisée envers Condé, 83 ans, qui a promis une démocratie stable. Mais, une fois au pouvoir, il a violemment réduit au silence les opposants, n'a pas réussi à réduire la pauvreté et a décidé l'année dernière de briguer un troisième mandat - une décision que beaucoup ont qualifiée d'illégale.
Le coup d'État a été bien accueilli par beaucoup, mais a effrayé le secteur minier. La Guinée détient les plus grandes réserves mondiales de bauxite, un minerai utilisé pour produire de l'aluminium. Les prix du métal ont atteint un sommet de 10 ans, lundi, bien qu'il n'y ait eu aucun signe de rupture d'approvisionnement.