Face à l’inquiétude née du retrait partiel des forces françaises de barkhane du nord du Mali, matérialisé la semaine dernière par la rétrocession du camp de Tombouctou à l’armée malienne, dans un contexte marqué par la recrudescence des attaques jihadistes et l’aggravation de l’insécurité dans le centre et l’est du Mali, marquée par la multiplication des attaques visant les civils, les Nations unies ont décidé d’augmenter les effectifs de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) de 1.000 autres soldats.
La junte militaire malienne a tenu à préciser que ce renforcement intervient dans le cadre bilatérale et à la requête du gouvernement de la république du Tchad», et ce, «pour faire face aux menaces et protéger ses troupes (…) au nord du Mali, suite à la reconfiguration de la force Barkhane».
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Suite à l’annonce de ce retrait de près de 2.500 soldats français, la Minusma avait décidé, en juin dernier, de renforcer de 3.000 hommes ses effectifs pour combler le vide laissé par les forces françaises face à la recrudescence des violences dans le nord et surtout dans le centre du Mali. Pour rappel, Paris a décidé de réduire ses effectifs militaires au Mali d’environ 5.000 militaires à environ 3.000 à l’été 2022. De nouvelles réductions seront aussi opérées en 2023.
Ainsi, ces 1.000 soldats vont renforcer les effectifs des Tchadiens de la Minusma stationnés au nord du Mali après le retrait de 450 soldats français de la force Barkhane de cette région.
Toutefois, si le Tchad s’est engagé à fournir ces troupes, pour le moment, la date d’envoi de ces troupes et le lieu de leur déploiement n’ont pas été fixés par les parties concernées: Tchad, Mali et Minusma.
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Avec ces nouveaux soldats, le Tchad devrait compter quelque 2.500 soldats au sein de la Minusma, faisant de lui le premier contributeur aux forces onusiennes au Mali, devant la Guinée (1.512 militaires) et le Bangladesh (1322 militaires).
La Minusma compte 13.283 militaires (12.789 (effectivement déployés au Mali) de 61 nationalités différentes, 1.920 policiers (1.774 effectivement déployés au Mali), 1.619 civils (781 nationaux et 838 internationaux). Depuis le début de son mandat, en 2013, la Minusma a enregistré 159 décès dont 60 casques bleus tchadiens et 426 blessés.
Au-delà, à travers le renforcement des effectifs de la Minusma de 3.000 hommes, il est certainement question de combler le vide laissé par les Français et surtout d’éviter l’arrivée des forces paramilitaires russes de la société privée de sécurité Wagner. En effet, outre la France, l’Union européenne et les Etats-Unis, les Nations unies aussi sont également réticentes à l’arrivée de ces mercenaires russes qu’elles accusent de harceler et d’intimider «violemment» des civils en Centrafrique où cette force est présente.
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Pour rappel, la France a menacé de faire quitter ses forces armées du Mali au cas où ce pays ferait appel à Wagner. D’autres pays européens dont l’Allemagne semblent aussi décidés à se joindre à la France au cas où Bamako déciderait de faire appel aux paramilitaires russes.
Ainsi, avec le renforcement des forces de la Minusma par des éléments tchadiens qui connaissent bien le terrain et sont rompus aux guerres dans des environnements identiques à ceux du centre et du nord du Mali, les Nations unies essayent de priver à la junte militaire malienne de toute justification quant à l’appel aux forces de la société privée russe Wagner.
Bamako semble d’ailleurs marquer le pas sur ce dossier qui est loin de faire l’unanimité au sein de la population malienne et encore moins chez les voisins et partenaires étrangers du pays.