Afrique: Baghdadi mort, que deviennent les filiales africaines de la nébuleuse Daech?

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Le 29/10/2019 à 12h07, mis à jour le 29/10/2019 à 12h18

Selon toute vraisemblance, Aboubakr Al-Baghdadi, le Khalife auto-proclamé de Daech est mort, éliminé par les forces américaines, dimanche 27 octobre.

Même si aucune preuve n'est fournie, son corps ayant été jeté en mer, selon la version officielle de la Maison Blanche, les multiples tweets et conférences de presse de Donald Trump ont fini par convaincre l'opinion que cette fois a été la bonne.

La Question se pose désormais, sur l'avenir de ses filiales à travers le monde: la présence de l'Etat Islamique a été signalée dans plusieurs pays,notamment, en Afrique du Nord, au Sahel, mais aussi dans la corne de l'Afrique.

Il y a d'abord la Libye et l'Egypte, deux pays où les actions de Daech sont souvent spectaculaires, puisque l'organisation terroriste s'attaque respectivement à des symboles de l'Etat ou à la minorité copte et aux forces de l'ordre, avec plus ou moins de succès.

Ainsi, en Libye, l'attentat contre le siège du ministère des Affaires étrangères en décembre 2018 est sans doute l'une des actions les plus tristes de l'organisation terroriste. Le groupe reste encore très actif et profite de l'instabilité provoquée par le conflit entretenu par les frères ennemis libyens qui se disputent le pouvoir. 

"Depuis l’offensive lancée le 4 avril par les forces du maréchal Haftar en direction de Tripoli, le groupe a intensifié ses actions dans le Sud libyen tout en restant actif dans les zones côtières, malgré la perte de Syrte. Ses ressources proviennent d’investissements dans les sociétés de transferts d’argent, du trafic d’antiquités et de taxes prélevées sur diffrents traficks", écrit le quotidien français l'Opinion.

En Egypte, Daech a été l'auteur d'une série d'attentats contre le minorité copte, faisant plusieurs dizaines de morts au cours des dernières années. En outre, il subsiste une branche active des terroristes, ayant prêté allégeance à Al-Baghdadi, dans le Nord Sinaï égyptien, dont le crédo reste les attaques multiples contre les forces de l'ordre.

Evidemment, on se souvient de l'attaque meurtrière contre une mosquée dans cette partie de l'Egypte, en novembre 2017, qui avait fait plus de 300 morts.

Dans le Sahel, notamment au Mali, au Burkina Faso, au Niger, mais également dans le Bassin du Lac Tchad, au Nigeria, au Cameroun, Daceh est très présent.

Il y a aussi, l'Etat islamique au Grand Sahara (EIGS), dirigé par Adnane Abou Walid Al-Sahraoui, né à Laayoune au Maroc, un ancien du Polisario qui a vécu dans les camps de Tindouf avec sa famille. L'EIGS est très présent dans la zone dite des trois frontières, entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Mais, c'est les régions de Gao et de Menaka qui semblent être le fief de cette filiale de Daech.

"L’EIGS se distingue par l’étendue géographique de son activité, qui s’étale sur quelque 800 km le long de la frontière entre le Mali et l’ouest du Niger ainsi que sur environ 600 km le long de la frontière entre le Burkina Faso et le Niger. Près de 90 % des attaques sont produites dans un rayon de 100 km appartenant à l’une de ces frontières", confirme Pauline Leroux, dans un article publié pour le Centre d'Etudes stratégiques pour l'Afrique de l'Ouest.

La particularité de Daech dans cette zone sahérlienne, est qu'il collabore en permanence avec Al Qaïda, contrairement au Moyen-Orient ou dans les pays d'Afrique du Nord où les deux organisations terroristes se livrent une lutte d'influence.

Il y a près de deux ans, en janvier 2018, l'Onu avait rendu un rapport où Antonio Guterres, son secrétaire général, affirmait que la Minusma détenait des informations établissant une collaboration entre les deux organisations terroristes. L'hebdomadaire Jeune Afrique écrivait également, un peu avant cela, que Adnane Abou Walid al-Sahraoui et Iyag Ag Ghali qui dirige le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM) s'était rencontrés, accompagnés plusieurs de leurs lieutenants.

Au Nigeria et dans tout le bassin du Lac Tchad où le terrorisme est incarné par Boko Haram, Abubakar Shekau et Abu Musab Al Barnaoui, les deux chefs rivaux, se réclament tous deux de Daech qui y a détrôné Al Qaïda. Rien que la branche de al-Barnaoui compterait 4000 combattants, regroupés autour de l'Etat islamique en Afrique de l'Ouest (ISWAP).

Evidemment, même si l'allégeance à Daech est revendiquée par plusieurs de ces groupes, il va sans dire que chacun d'eux a des revendications qui lui sont spécifiques. De plus, leur financement venant de leurs actes terroristes et de toutes sortes de trafics, l'allégeance n'est, parfois que de nom.

Autant d'indices qui font que ces Daech du continent survivront à Aboubakr al-Baghdadi. D'ailleurs, il est à craindre que la mort de ce dernier ne pousse les anciens comabattants de Daech en Syrie et en Irak à rallier l'Afrique du Nord et de l'Ouest. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 29/10/2019 à 12h07, mis à jour le 29/10/2019 à 12h18