Afrique: top 5 des pays qui ne connaissent pas la crise

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Le 15/01/2017 à 13h41, mis à jour le 15/01/2017 à 23h47

La croissance sera globalement molle pour de nombreux pays africains durant les 3 prochaines années. Toutefois, une dizaine d'entre eux afficheront des taux de croissance très élevés. Top 5 des pays qui nargueront la crise pour la période 2017-2019.

En Afrique, la croissance ne rime pas avec l’importance des ressources pétrolières et minières. Cette vérité devient criante si on se fie aux taux de croissance enregistrés par les pays africains au cours de ces dernières années et des perspectives de croissance pour 2017, 2018 et 2019 dressées par la Banque mondiale.

Il en ressort que les producteurs de pétrole africains ont été durement touchés par la chute des cours de l’or noir et que certains d’entre eux sont même entrés en récession (Nigeria, Guinée équatoriale, Tchad, etc.).

A l’opposé, les pays reposant sur l’agriculture et qui ont su diversifier leur économie ont pu tirer leur épingle du jeu et affichent des taux de forte croissance, deux à trois supérieurs à la moyenne du continent.

Ainsi, selon les prévisions de la Banque mondiale, une dizaine de pays afficheront des taux de croissance annuels moyens supérieurs à 6% durant 2017, 2018 et 2019. Il faut souligner que ces pays bénéficient aussi de l'effet des cours bas du pétrole.

Afrique: Top 5 des pays africains qui narguent la crise économique

Dans ce lot de pays, on note que nombreux sont ceux qui confirment leur bonne santé de ces dernières années. Certains pays frôleront même des croissances à deux chiffres.

Nous vous dressons le top 5 de ces pays devant réaliser les meilleurs taux de croissance au niveau du continent africain au cours de la période 2017-2019.

1- Ethiopie: le champion de la croissance africaine maintient le cap

Après une croissance estimée à 8,4% en 2016, l’Ethiopie, l’économie la plus dynamique du continent africain au cours de ces dix dernières années, devrait aussi maintenir sa cadence pour les trois prochaines années. Ainsi, selon les prévisions de la Banque mondiale pour les années 2017, 2018 et 2019, le pays devrait enregistrer des taux de croissance respectifs de 8,9, 8,6 et 8,6%.

Pour rappel, l’Ethiopie a enregistré, sur la période 2011-2015, un taux de croissance moyen annuel de 10,08%, le plus élevé du continent, et qui a contribué à la transformation du pays.

La croissance éthiopienne sera tirée par l’agriculture qui pèse plus des 2/5 du PIB du pays et qui assure environ 80% des exportations, mais aussi par les investissements dans les infrastructures (chemin de fer, barrages, routes, centrales électriques, etc.).

Ces investissements dans les infrastructures de base améliorent l’attractivité du pays qui attire de plus en plus d’investisseurs, notamment chinois qui font du pays leur base arrière, mais aussi indiens et d’autres pays occidentaux et africains. L'Ethiopie est également engagée aujourd’hui dans un processus d’industrialisation poussé.

Le pays est l’un des plus plébiscités par les investisseurs étrangers, selon plusieurs enquêtes. Il faut dire que l’Ethiopie a des atouts indéniables pour séduire, dont l’importance de son marché intérieur de 95 millions d’habitants, soit le second pays le plus peuplé d’Afrique derrière le Nigeria, et ses potentialités agricoles et industrielles indéniables.

Toutefois, à l’instar d’un certain nombre de pays africains, l’Ethiopie est appelée à gérer les tensions sociales nées des revendications des deux principales composantes ethniques locales qui souhaitent être plus impliquéés dans la gestion du pays.

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2- Côte d’Ivoire: une dynamique continue, mais des fragililtés

La Côte d’Ivoire maintient son rythme de croissance en confirmant jour après jour son retour en tant que leader économique au sein de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA). Après une croissance annuelle moyenne de l’ordre de 9,2% entre 2011 et 2015, et une hausse de 7,8% en 2016, la Côte d’Ivoire devrait afficher des taux de croissance supérieurs à 8% au cours des année 2017 (8%), 2018 (8,10%) et 2019 (8,10%).

Le pays tire bénéfice de la bonne santé de son secteur agricole. Grâce à la paix retrouvée, le pays est aujourd’hui le premier producteur mondial de cacao et d’anacarde, et occupe une bonne position dans la production de nombreux autres produits agricoles (banane, ananas, café, etc.).

La Côte d’Ivoire continue aussi à développer ses infrastructures de base (routes, autoroutes, ports, barrages hydroélectriques, centrales électriques, etc.). D’autres projets comme le métro d’Abidjan et les autoroutes devant relier le pays à ses voisins vont booster le secteur du BTP. Et toute l’économie ivoirienne.

Le pays a su également diversifier son économie en attirant des investisseurs étrangers dans les mines, l’énergie, le BTP et les matériaux de construction, etc.

Après avoir réussi son plan national de développement 2012-2015, qui a permis la relance de l’économie du pays, le PND 2016-2020, avec des investissements programmés de 30.000 milliards de FCFA, soit 50 milliards de dollars, devrait assurer l’émergence du pays en le dotant des infrastructures de base et en contribuant à son industrialisation grâce à la transformation des produits agricoles (cacao, anacarde, etc.) et créer plus de la valeur ajoutée et d’emplois.

La Côte d’Ivoire tire bénéfice d’une paix retrouvée après une quinzaine d'années d’instabilité politique et de guerre civile. Toutefois, les mutineries de ces derniers jours montrent que la paix reste fragilisée par une armée non encore unifiée et toujours dominée par des chefs de guerre. Le pays doit aussi assurer une plus grande redistribution des richesses créées en s’attaquant au chômage des jeunes.

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3- Ghana: la stabilité politique profite à la croissance

Le Ghana est l’une des économies africaines qui devrait enregistrer une croissance solide au cours des trois prochaines années, selon la Banque mondiale. Si la crise économique a ralenti la croissance en 2016 avec une évolution de 5,8%, à cause notamment de l’impact du pétrole dont le pays est devenu un modeste producteur, le Ghana devrait enregistrer des croissances de l’ordre de 7,5% en 2017, 8,4% en 2018 et 8,4% en 2019.

Outre la renforcement de la stabilité macro-économique et les mesures prises par le gouvernement pou résoudre la crise énergétique qui a handicapé le pays, la croissance sera tirée par le lancement de grands projets régionaux (routes, ports, etc.), le BTP, l’agriculture, le pétrole & gaz, etc.

Cette reprise d’une croissance forte dépend aussi de la poursuite des mesures d’assainissement budgétaire, de l’entrée en production de nouveaux puits pétroliers et surtout de l’amélioration de la production minière (or) et agricole (cacao).

Reste que le pays doit aussi faire face à un taux d’urbanisation exceptionnel. En effet, en 2010, la moitié des Ghanéens vivait dans les zones urbaines et le taux d’urbanisation devrait atteindre 72% en 2035. L’Etat doit ainsi investir massivement dans les infrastructures (écoles, hôpitaux, universités, routes, assainissement, accès à l’eau et l’électricité, etc.). 

Le Ghana, l’une des démocraties les plus solides du continent, a connu une énième alternance démocratique avec Nana Akufo Addo comme nouveau président. Celui-ci s’est engagé à assurer une reprise économique et à lutter contre la corruption.

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4- Tanzanie: une croissance solide et un potentiel important non encore exploité

Tanzanie

Après une croissance de l’ordre de 6,9% en 2016, et une croissance annuelle moyenne de 7% entre 2011 et 2015, la Tanzanie devrait améliorer encore ses performances sur la période 2017-2019. Durant cette période, le taux de croissance annuel moyen devrait croitre respectivement de 7,1% annuellement, selon la Banque mondiale. Avec un marché de plus de 55 millions d’habitants, la Tanzanie offre un marché intérieur intéressant et bénéficie d’un positionnement géographique indéniable dans une région actuellement la plus dynamique du continent africain.

La croissance tanzanienne sera tirée par l’agriculture (coton, café, etc.), le tourisme, les télécommunications, la finance, etc. L’agriculture restera le moteur de la croissance à côté des services.

Toutefois, la découverte de pétrole et surtout de gaz dans l’onshore et l’offshore tanzaniens pourrait changer la donne. Les réserves potentielles du Lac Tanganyika attirent de plus en plus d’investisseurs étrangers. De même, le potentiel minier du pays est encore faiblement exploité.

Reste que l’économie tanzanienne est handicapée aujourd’hui par le déséquilibre entre l’offre et la demande énergétique. En effet, à peine 25% des Tanzaniens ont accès à l’électricité. Ce niveau tombe à moins de 10% en zone rurale. Le pays dispose également des marges de progression importantes au niveau du secteur agricole avec des possibilités d’amélioration de la productivité agricole. De même, l’environnement des affaires constitue un handicap pour attirer les investisseurs étrangers.

5- Sénégal: l’agriculture et les infrastructures, en attendant les effets du PSE

Le Sénégal figure aujourd’hui parmi les pays les plus dynamiques du continent. Considéré parmi les plus stables d’Afrique, le Sénégal possède la 4e économie de la sous-région ouest-africaine, après le Nigéria, la Côte d’Ivoire et le Ghana et figure parmi les économies les plus diversifiées de la région.

Après une croissance de 6,6% en 2016, l’économie sénégalaise devrait, selon les prévisions de la Banque mondiale, enregistrer une évolution de 6,8% en 2017 avant d’enchainer avec des croissance de 7% en 2018 et 2019, faisant du pays le plus dynamique de cette région ouest africaine après la Côte d’Ivoire.

Outre les bonne performances du secteur agricole, notamment les secteurs bénéficiant des soutiens publics (arachides riz, hortocultures, etc.), la croissance de l’économie sénégalaise sera tirée par les investissements dans les infrastructures (routes, chemin de fer, aéroports, autoroutes, centrales électriques, etc.). De même, la baisse des coupures de courant et l’amélioration de l’environnement des affaires ne manqueront pas d'attirer davantage d’investisseurs, malgré la forte concurrence de la Côte d’Ivoire.

Ainsi, pour les trois prochaines années, ce sont surtout les projets programmés dans le cadre du Plan Sénégal émergent (PSE) qui devraient réellement tirer la croissance de l’économie sénégalaise avant que l’exploitation des ressources pétrolière et gazières à partir de 2021 ne prennent la relève.

Reste que malgré la disponibilité des ressources financières, les grands projets du PSE tardent à se concrétiser. En plus, le gouvernement sénégalais doit entreprendre des mesures à même d’assurer une redistribution des richesses créées et surtout mettre l’accent sur la création d’emplois au profit des jeunes.

Par Moussa Diop
Le 15/01/2017 à 13h41, mis à jour le 15/01/2017 à 23h47