C'est la ruée vers la Mauritanie, passage incontournable pour entrer dans l’espace de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). C'est sans conteste le Maroc qui fait figure de pionnier dans les investissements des pays du Maghreb. Mais depuis que les banques, sociétés de télécommunications, compagnies d'assurances et groupes immobiliers marocains ont posé pied en Mauritanie, ils ont donné des idées à l'Algérie et à la Tunisie.
Cette orientation stratégique s’est manifestée à travers plusieurs signaux diplomatiques et économiques au cours des dernières semaines. Ainsi, dans l’ordre chronologique, on a enregistré la troisième édition de l’exposition des produits algériens à Nouakchott du 23 au 29 octobre.
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Une visite de quelques heures du chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, reçu par le président Mohamed ould Abdel Aziz le vendredi 02 novembre dernier. L’émissaire marocain a remis au chef de l’Etat mauritanien, un message du roi Mohammed VI.
Dans les signaux convergents de cette intense activité diplomatique et économique, il faut également citer la tenue mardi dernier, des assises de la 18e réunion de la Grande commission mixte de coopération mauritano-tunisienne.
Elles se sont déroulées sous la présidence conjointe du Premier ministre mauritanien, Ahmed Salem ould Béchir, et du chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed.
Une rencontre qui a débouché sur la signature d’une vingtaine de conventions de coopération et mémorandum d’entente touchant aux domaines de l’industrie, du tourisme, de l’hydraulique, habitat, de l’aménagement du territoire, des énergies nouvelles et renouvelables…
Pour comprendre ce mouvement, il faut se référer aux conditions géopolitiques et économiques de la région. Le Maghreb central est confronté à la réalité d’une Europe, certes proche au plan géographique, mais en panne de croissance.
Au plan interne, il y a un véritable problème qui réside surtout dans l’impossibilité «métaphysique» pour ces Etats de penser à une intégration régionale avant de se tourner vers voisins du Sud. Illustration, avec une frontière terrestre Algérie-Maroc fermée depuis 1994.
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Dans ces conditions, la CEDEAO, son énorme poids démographique (320 à 350 millions d’habitants) et 733 milliards de dollars de Produit intérieur brut (PIB), devient tout naturellement une destination idéale. Dans cette course, le royaume du Maroc, qui a demandé à intégrer la Communauté ouest-africaine, dispose d’une longueur d’avance, acquise grâce au jeu d’une performante diplomatie économique. Les pays du Sud ont toujours été une priorité pour le Maroc et cette tendance s’est accentuée sous le règne du roi Mohammed VI. En quelques années, le Maroc est devenu l'un des premiers investisseurs des huit pays de l'Union économique et monétaire ouest-africaine.
Un député tempère
Interrogé sur ces événements récents, Yahya ould Ahmed Waghef, ex-Premier ministre et actuel député, leader du Pacte national pour la démocratie et le développement (PNDD-ADIL), professeur d’économie, dit «ne pas saisir de lien direct entre le salon des produits algériens à Nouakchott, l’arrivée du chef de la diplomatie marocaine et la tenue des assises de la Grande commission mixte de coopération mauritano-tunisienne. Ces assises étaient prévues depuis quelques années", a-t-il dit. "Nous savons également que depuis l’inauguration du nouveau poste transfrontalier des environs de Tindouf, l’Algérie veut s’inspirer de l’exemple marocain pour conquérir le marché ouest-africain, dont la Mauritanie est la porte d’entrée", explique-t-il.
Et d'ajouter: "Quant au ministre marocain des Affaires étrangères, il faut noter qu’il est venu à Nouakchott quelques jours avant le début d’une réunion à Genève, regroupant le Maroc, le Front Polisario, l’Algérie et la Mauritanie, axée sur la question du Sahara. Il s’agit d’une démarche diplomatique naturelle et donc classique".
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Toujours selon Ould Ahmed Waghef, "beaucoup d’analystes pensent que les voisins du Nord font les yeux doux à la Mauritanie pour aller vers la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), mais je ne partage pas totalement cet avis".
L’ancien PM et député enchaîne avec un rappel basique: «la Mauritanie n’est pas formellement membre de la CEDEAO, même si au plan géographique, elle est un passage obligé pour y aller par voie terrestre. Notre pays a sollicité un accord d’association avec la CEDEAO. L’organisation régionale a répondu qu’il faudrait présenter une demande de réintégration en bonne et due forme. Je suis personnellement favorable à une telle perspective, mais j’ai la certitude que le régime actuel n’a pas la même vision prospective».