Il y a deux mois, le président gabonais Ali Bongo Ondimba était hospitalisé à l'étranger, victime d'un accident vasculaire cérébral (AVC): depuis, il n'est plus revenu au Gabon et ne s'est plus exprimé, plongeant son pays dans l'incertitude.
Le 24 octobre, alors qu'il se trouvait en Arabie saoudite, le président Bongo, pris d'un malaise, a été hospitalisé à Ryad où il a été soigné pendant plus d'un mois avant d'être transféré à Rabat, où il se trouve toujours en convalescence.
Aucune date n'a été fixée pour son éventuel retour à Libreville où il est de coutume qu'il prononce le 31 décembre le traditionnel discours du Nouvel an.
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"Il est probable qu'il le fasse", a indiqué à l'AFP une source à la présidence gabonaise qui affirme qu'à Rabat, le président "continue de suivre les dossiers les plus importants pour le pays".
Depuis deux mois, la communication officielle a été rare et partielle quant à la santé du chef de l'Etat, alimentant les rumeurs les plus folles sur les réseaux sociaux.
Ce n'est que début décembre que le vice-président, Pierre Claver Maganga Moussavou, reconnaissait qu'Ali Bongo avait été victime d'un AVC.
En deux mois, seule une photo du président avec son ami le roi du Maroc Mohammed VI et deux vidéos, dont l'une où on le voit avec trois des plus hauts responsables politiques du Gabon venus lui rendre visite à Rabat, ont été diffusées.
Ces images où Ali Bongo apparaît toujours assis et ne s'exprime pas - les vidéos ont été diffusées sans son - n'ont pas rassuré sur ses capacités physiques et intellectuelles à assumer ses fonctions.
- "Indisponibilité temporaire" -
"La dégradation de son état de santé entrave le bon fonctionnement des institutions politiques, administratives et sociales du pays, enraye la mise en application des procédures constitutionnelles", affirmait vendredi Alexandre Barro Chambrier, président du Rassemblement héritage et modernité (RHM, opposition).
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Et de se demander "qui doit désormais rendre des arbitrages au sommet de l’État, prévenir les risques d’aggravation immédiate des principaux équilibres budgétaires et à en assumer, le cas échéant, la responsabilité politique".
Les affaires courantes sont expédiées par le vice-président qui n'avait jusqu'alors que des fonctions essentiellement honorifiques, et le Premier ministre Emmanuel Issoze Ngondet.
La Cour constitutionnelle, présidée par une pièce maîtresse du régime Bongo depuis près de 30 ans, Marie-Madeleine Mborantsuo, n'a pas déclaré "la vacance du pouvoir" qui permettrait à la présidente du Sénat d'assurer l'intérim jusqu'à l'organisation d'une élection présidentielle.
Mi-novembre, la Cour a en revanche modifié la Constitution pour pallier "l'indisponibilité temporaire" du chef de l'Etat en transférant en partie ses pouvoirs au vice-président, provoquant l'indignation de l'opposition qui a dénoncé "un coup d'Etat constitutionnel".
Qu'adviendra-t-il, a priori en janvier, lorsque le Premier ministre, après publication par la Cour constitutionnelle des résultats définitifs des législatives d'octobre remportées par le parti au pouvoir, devra présenter sa démission au président comme le prévoit la Constitution ?
Et lorsque le nouveau Premier ministre et les membres de son gouvernement devront prêter serment devant le président et les juges de la Cour Constitutionnelle ?
- Rabat, centre du pouvoir ? -
Selon le vice-président, la continuité du fonctionnement des institutions peut très bien se passer à l'ambassade du Gabon au Maroc.
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Pendant les mois ayant précédé sa mort en 1967, "le président Léon Mba malade en France, est resté plus d’un an à se faire soigner et c’est son vice-président qui allait là-bas recueillir ses orientations. C’est à l’ambassade du Gabon à Paris que les décrets étaient signés, que les orientations étaient données", a affirmé M. Maganga Moussavou.
Dans le cas présent, "il suffit de cinq heures pour aller de Libreville à Rabat et faire signer les décrets" par le président à l'ambassade du Gabon, "de sorte qu’ils entrent valablement en vigueur", a-t-il ajouté.
Un scénario inacceptable pour l'opposition dont plusieurs dirigeants demandent qu'une équipe médicale constituée sur une base consensuelle aille voir le président à Rabat pour déterminer s'il est en mesure d'assumer ses fonctions. Et si ce n'était pas la cas, que la vacance du pouvoir soit décrétée.
Pour l'instant, si elle agite la classe politique, l'absence d'Ali Bongo ne semble pas perturber outre-mesure les Gabonais de la rue qui reste calme, l'opposition, divisée, ne parvenant pas à tirer profit de la situation.
L'appel à la "confrontation" avec le pouvoir, lancé par l'opposant Jean Ping qui se proclame "président élu" depuis l'élection de 2016 et exige toujours la reconnaissance de sa "victoire" face à Ali Bongo, n'a pas été suivi d'effet.