Sahel: vers un nouveau format pour mieux combattre le terrorisme

Le 26/08/2019 à 18h54, mis à jour le 27/08/2019 à 19h22

Confrontée à une l’extension de la menace terroriste, la région du Sahel va vers un nouveau format de sécurité. Une option qui fait partie des principaux résultats du sommet du G7 (groupe des pays les plus industrialisés de la planète), tenu ce weekend à Biarritz dans le Sud de la France.

La force conjointe du G5 Sahel, dédiée à la lutte contre le terrorisme, composée de troupes du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad, existe théoriquement depuis quelques années.

Mais la brigade reste sans efficacité opérationnelle faute de financements suffisants et même de ressources humaines à la hauteur d’une tâche démentielle. En effet, dans cet espace de plus de 5 millions de kilomètres carrés, les frontières poreuses restent hantées par des groupes terroristes dotés de capacités de mouvements illimitées

Le chef de l’Etat burkinabé, Roc Marc Christian Kaboré, président en exercice du G5 Sahel, participait à cette rencontre, en qualité d’invité, au même titre que 4 autres de ses pairs africains. 

Véritables maîtres du jeu sécuritaire dans le Sahel, les Occidentaux, précisément la France et l’Allemagne, ont évoqué «la nécessité de mieux armer et équiper les militaires, les policiers et d’épauler tous les pays de la région» bien au-delà du cercle des Etats membres de l’actuel G5 Sahel.

Le président français, Emmanuel Macron, estime en effet «qu’il faut redéfinir le périmètre de sécurité». Ce qui signifie en clair que les puissances occidentales souhaitent désormais impliquer dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, le Sénégal et les pays de Golfe de Guinée, notamment la Côte d’Ivoire et le Ghana.

«La force de l’initiative prise aujourd’hui c’est qu’elle élargit le périmètre de sécurité compte tenu de l’évolution du phénomène du terrorisme, et permet en particulier de réengager dans l’aspect sécuritaire les pays membres de la Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO)», organisation sous-régionale regroupant 15 Etats.

Pour définir les modalités pratiques de la nouvelle orientation, une réunion franco-allemande et un sommet de la CEDEAO se tiendront avant la fin de l’année 2019.

Profitant de la rencontre de Biarritz, le président Kaboré a insisté «sur la nécessité de trouver une solution politique à la crise libyenne, indissociable de la sécurité au Sahel. C’est une gangrène qui se propage, et nous estimons qu’il est important que l’ensemble des partenaires trouvent une solution à la situation en Libye pour freiner la progression du terrorisme, non seulement dans le Sahel, mais aussi dans les pays côtiers qui nous environnent».

Pour le moment la France et l’Allemagne cherchent à convaincre d’autres Occidentaux pour aborder l’incontournable question du financement.

Au cours des dernières années, plusieurs voix ont plaidé en faveur de l’élargissement du G5 Sahel à d’autres pays de la région. Parmi ces observateurs figurent Cheikh Tidiane Gadio, actuel député et chef de la diplomatie sénégalaise pendant une dizaine d’années, sous le régime du président Abdoulaye Wade, qui prône un G5 Sahel+5. Un format suivant lequel le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad seraient renforcés par le Sénégal, le Nigeria, le Cameroun, le Maroc et l’Algérie.

Mais du point des ONG, «on passe encore à côté des véritables problèmes de fond en insistant sur l’agenda sécuritaire».

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 26/08/2019 à 18h54, mis à jour le 27/08/2019 à 19h22