Mauritanie: pour l'exploitation de la mine d'or de Tasiast, le partenariat avec une société canadienne se poursuivra

La mine de Tasiast, en Mauritanie.

La mine de Tasiast, en Mauritanie.. DR

Le 16/06/2020 à 17h27, mis à jour le 17/06/2020 à 08h42

Le gouvernement mauritanien et la société canadienne Kinross Gold Corporation (société-mère de la filiale Kinross Tasiast) ont signé un accord visant à poursuivre leur partenariat dans le cadre de l'exploitation de la mine d'or de Tasiast. Le nouvel accord garantit plus d'avantages à la Mauritanie.

Entamé en 2010, le partenariat entre le gouvernement mauritanien et la compagnie canadienne «Kinross Gold Corporation» portant sur l’exploitation de la mine d’or de Tasiast (Nord du pays), va se poursuivre, avec un nouveau souffle. Après de longues négociations, dans une discrétion totale, les deux sont parvenues à un accord de principe ce lundi 15 juin 2020.

Cet accord a été signé par le ministre mauritanien du Pétrole, de l’énergie et des mines, Mohamed Abdel Vetah, et le CEO de Kinross, Paul Rollinson, annonce un communiqué de la multinationale canadienne.

Donnant un aperçu des nouvelles perspectives attendues de la prolongation du bail, le communiqué de presse en expose «les termes clés» et annonce «des précisions ultérieures dans une documentation définitive».

Mais en attendant, la déclaration signale les aspects nouveaux stipulés par l’accord:

– L’octroi d’une licence d’exploitation de 10 ans à Tasiast/Sud lui permettra de poursuivre l’exploration et d’entamer la production des ressources existantes sur le même site, dans la mesure du possible, et en tenant compte du contexte de la pandémie de Covid-19.

– L'État participera à ce projet à hauteur de 15%, ce qui sera garanti sans qu'il lui soit nécessaire de mobiliser des ressources financières, tout en veillant à ce que le taux de participation futur puisse passer à 25%.

– La nomination, par le gouvernement, de 2 observateurs au conseil d’administration de Tasiast Mauritanie Limited (TML SA), afin de renforcer la communication mutuelle entre l’Etat et Kinross.

– La nomination par le gouvernement, d’un membre à part entière et d’un observateur au sein du conseil d’administration de l’entité qui opérera à Tasiast/Sud.

Expliquant les enjeux, la déclaration précise que «l’introduction d’une nouvelle structure de redevances, basées sur les cours mondiaux de l’or, permettra à la Mauritanie de toucher des redevances en conformité avec la loi actuelle et comparable aux niveaux appliqués dans la région. La nouvelle valeur des redevances oscille entre 4 et 6,5% des royautés au lieu de la redevance fixe à 3% qui était précédemment appliquée. 

Ainsi, le gouvernement mauritanien verra ses revenus, à ce titre, passer de 3 à 6% au prix actuel de l’or. Ces redevances auront un plafond maximal de 6,5% lorsque le prix de l’or atteindra 1.800 dollars l’once et plus.

La société estime qu’une modernisation volontaire de la structure des redevances est une approche juste et équilibrée, qui permet à la Mauritanie de recevoir sa juste part des bénéfices économiques de la mine de TASIAST, tout particulièrement dans un contexte mondial favorable au prix de l’or».

Avec la pandémie mondiale de Covid-19, qui sévit depuis décembre 2019, l’or est l’un des rares métaux de base dont le prix est en hausse sur le marché mondial.

La valeur de l’or dépend de plusieurs facteurs, dont le premier est celui des taux d’intérêt.

Il y a aussi les facteurs géopolitiques (l’or est considéré comme une valeur refuge).

Enfin, le niveau de l’offre et de la demande est un «curseur influent sur le métal», selon certains analystes.

Côté mauritanien, la véritable cheville ouvrière de ces négociations a été le chef du gouvernement, Ismaël Bedde ould Cheikh Sidya, souffle une source bien au fait du dossier.

Le prolongement du bail avec la compagnie aurifère canadienne apparaît comme une bonne nouvelle par rapport à l’attrait de la Mauritanie pour les Investissements directs étrangers (IDE), 10 mois après la prestation de serment du président Mohamed Cheikh El Ghazouani, le 1er août 2019, notent les observateurs.

D’un avis diamétralement opposé, maître Kakioullah Eidda, avocat mauritanien vivant au Canada, estime dans une sortie sur les réseaux que le gouvernement «a capitulé à la fois sur la forme et dans le fond. Car la redevance payée par Kinross n’est pas fixe, mais variable en fonction du prix de l’or sur le marché. Kinross a le droit d’exploiter et d’exporter tous ses produits en exonération complète».

Par ailleurs, la Mauritanie doit payer à Kinross, un montant de 16 milliards d’ouguiya anciennes, soit 43 millions de dollars, à titre de remboursement de taxes perçues par le passé sur l’importation de produits qui en était exonérés.

Fin 2019, Kinross avait fait un investissement de 150 millions de dollars pour augmenter la production annuelle de la mine d’or de Tasiast, qui devrait alors passer à 500.000 onces, tout en réduisant les coûts opérationnels.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 16/06/2020 à 17h27, mis à jour le 17/06/2020 à 08h42