Mauritanie: la forte hausse du coût des licences de pêche artisanale suscite l'ire des acteurs

VidéoPlusieurs centaines de pirogues de pêche artisanale sont à quai à Nouakchott. En cause, la forte hausse du coût des licences de pêche. Cette hausse, combinée à une baisse des prises et à une flambée des prix des carburants, met en danger l'avenir de cette activité cruciale.

Le 03/08/2022 à 16h17, mis à jour le 03/08/2022 à 16h21

En Mauritanie, plusieurs milliers de pirogues de pêche artisanale sont à quai depuis début juillet. Une situation imputable à une hausse vertigineuse du coût des licences annuelles qui suscite la colère des acteurs de la filière. Ceux-ci revendiquent donc une révision de la nouvelle réglementation, dont ils dénoncent les conséquences financières et sociales en termes d’approvisionnement du marché et d’emplois.

Iba Mar Diakhaté, secrétaire général de la Fédération mauritanienne des mareyeurs (FMM), parle d’une «situation difficile» pour la pêche côtière artisanale, du fait «de la surproduction et d’un manque de soutien de l’Etat, après l’annulation des exonérations» suivie de l’adoption d’une renouvelle réglementation comportant une hausse des taxes.

Il rappelle qu’«avant, il y'avait une licence unique pour la pêche des pélagiques et petits pélagiques, délivrée contre une redevance annuelle de 38.500 ouguiyas. Maintenant, la licence a été éclatée. Pour avoir accès aux petits pélagiques, il faut payer 55.000 ouguiyas. Dans le même temps, un paiement de 65.500 ouguiyas est exigé pour les grands pélagiques, soit un total annuel de 111.000 ouguiyas».

Ce contexte est aggravé par la surproduction, qui rend le poisson de plus en plus rare et cher, avec de graves conséquences sur le marché et l’emploi. Abdou Kerim Dieye, secrétaire général d’un collectif de pêcheurs artisanaux, déplore la situation du sous-secteur dans des termes identiques. Il évoque notamment une attente déçue, à savoir l’espoir d’une limitation de l’activité des bateaux turcs et chinois qui exercent une énorme pression sur la ressource en pêchant à 90% pour les usines de farine de poissons.

Dieye signale également que face à une constante hausse de la demande de poissons et à l’incitation des autorités, de nombreux pêcheurs artisanaux ont adopté les sennes tournantes, pour satisfaire la consommation locale. Une évolution face à laquelle l’éclatement et la hausse des prix des licences apparait comme une véritable punition.

Et ce sont les consommateurs qui seront impactés par cette situation, sachant qu'en moyenne, plus de 85% des captures de la pêche artisanale au niveau de Nouakchott et Nouadhibou sont destinées à la consommation des ménages. Du coup, le marché connait actuellement des pénuries et les prix flambent. De nombreuses espèces de poissons sont devenues inaccessibles aux populations.

Face à cette situation, Dieye invite les autorités à un dialogue constructif afin de trouver une solution. La Mauritanie compte actuellement quelque 120.000 pirogues de pêche à la senne tournante.

Par Amadou Seck (Nouakchott, correspondance)
Le 03/08/2022 à 16h17, mis à jour le 03/08/2022 à 16h21