Mauritanie: le FNDU souhaite un processus électoral consensuel

Le 27/03/2018 à 10h43, mis à jour le 27/03/2018 à 10h47

Le Forum national pour la démocratie et l'unité (FNDU), un collectif de l'opposition mauritanienne, réclame un processus électoral consensuel, tout en dénonçant la tendance unilatérale actuelle choisie par les autorités.

Le Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU), un collectif de l’opposition composé de partis politiques, organisations de la société et personnalités indépendantes, appelle à un processus électoral concerté en Mauritanie, à travers un document publié lundi soir, sous le titre «position sous le processus électoral».

Cette déclaration intervient dans un contexte préélectoral, avec d’importantes échéances à l’agenda 2018 et 2019, à savoir des élections législatives, régionales et municipales en 2018, ainsi qu’une présidentielle en 2019.

Dans cette perspective, le FNDU considère que le pouvoir de Nouakchott se retrouve face à deux alternatives: soit faire preuve de responsabilité et répondre aux aspirations démocratiques des Mauritaniens dans le cadre d’un processus électoral consensuel.

Ou persister dans une gestion unilatérale propice à toutes les aventures aux conséquences imprévisibles.

Evoquant le premier cas de figure, le FNDU estime qu’il permettrait «de résoudre la crise politique dans laquelle se débat le pays depuis plusieurs années, du fait de la gestion unilatérale des affaires publiques. Dans cette approche, le pouvoir devrait s’atteler en concertation avec les forces politiques agissantes, initier un processus électoral consensuel qui rassure tout le monde et garantit la neutralité de l’Etat. En effet, le pouvoir exécutif doit offrir des chances égales à tous les acteurs dans un cadre apaisé susceptible de déboucher sur une alternance véritable à la veille d’élections législatives, régionales et municipales décisives, et en prélude à un scrutin présidentiel déterminant marquant la fin du dernier mandat de l’actuel chef de l’Etat».

Le FNDU expose par la suite la deuxième hypothèse, privilégiant la confrontation, qui serait matérialisée par «la persistance dans la gestion unilatérale du processus électoral» et met en garde contre «une accentuation de la crise politique avec des conséquences qui peuvent se révéler désastreuses pour la stabilité et l’avenir du pays, du fait de l’impossibilité de tout changement démocratique à travers les urnes, qui ouvre la porte ouverte à une dévolution du pouvoir par le biais des secousses et des dérapages incontrôlables».

Mais au-delà des hypothèses théoriques, le collectif de l’opposition mauritanienne constate que l’option actuelle des autorités ressemble fort «à une fuite en avant» au vu de plusieurs indices et signaux qui témoignent que le pouvoir s'inscrit dans une démarche visant à imposer sa volonté à tous les acteurs.

Le collectif de l’opposition note que le gouvernement est engagé dans une démarche «visant à faire passer des textes législatifs instituant les organes chargés de la supervision du processus électoral: Commission électoral national indépendante (CENI),

l’implication des ministres, directeurs généraux des entreprises publiques et hauts fonctionnaires dans la campagne d’implantation du parti au pouvoir».

Le FNDU évoque ainsi les opérations de mise en place des instances de l’Union pour la République (UPR), principal parti de la majorité.

La déclaration dénonce également «l’obligation faite aux fonctionnaires de l’Etat, aux notables et aux hommes d’affaires, à coups d’intimidation et de promesses, d’adhérer au parti du pouvoir et de soutenir son projet dans une tentative de s’imposer par la force et de museler toutes les voix qui réclament un changement démocratique dans le pays».

Le FNDU dénonce enfin la campagne de collecte des pièces d’identité des citoyens «usant de la corruption et de toutes pressions » ainsi que «le chantage exercé sur les hommes contraints de verser des centaines de millions» dans les caisses de l’UPR.

Après l’échec d’une tentative pour nouer un dialogue entre pouvoir et opposition, plusieurs entités du FNDU avaient boycotté les élections législatives et municipales de novembre-décembre 2013, à l’exception du Rassemblement national pour la réforme et le développement (RNRD-Tawassoul), mouvance islamiste modérée, qui dispose actuellement de 16 députés à l’Assemblée nationale.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 27/03/2018 à 10h43, mis à jour le 27/03/2018 à 10h47