Mauritanie: Ghazouani en précampagne électorale, sur les traces de Ould Abdel Aziz

Le 02/04/2019 à 15h05, mis à jour le 02/04/2019 à 16h49

Mohamed ould Cheikh Ahmed dit Ghazouani, candidat à la présidentielle de juin 2019, a entamé une tournée qui devrait le mener dans toutes les régions du pays. Une manière de tâter le pouls des populations des différentes régions, dans ce qui ressemble à un marathon de précampagne électorale.

L’ex-chef d’état-major général des armées, Mohamed ould Cheikh Ahmed, dit Ghazouani, candidat à l’élection présidentielle mauritanienne de juin 2019, est en tournée à l’intérieur du pays depuis lundi soir.

Il passera par toutes les capitales départementales du pays (moughataas), soit une soixantaine de circonscriptions administratives, à bord... d’un hélicoptère de l’armée. Un moyen de transport qui devrait susciter quelques grincements de dents chez ses concurrents. En effet, à l'instar de l'opinion publique locale qui rouspète déjà, les autres candidats à la présidentielle ne rateront pas l’occasion de dénoncer l’usage flagrant d’un bien public à des fins privées.

Illustration avec la remarque de cet opposant: «Ostensiblement, le candidat Ghazouani se voit affecter les moyens de l’Etat. Il confirme ainsi être l’otage d’un clan. Il faut le libérer en élisant un autre que lui, pour une retraite bien méritée».

Pour la suite, on attend les explications et éventuelles «justifications» qui pourraient venir de l’équipe de campagne de Ghazouani.

Au cours de cette tournée, ce candidat, donné favori à l’élection présidentielle de juin 2019 en Mauritanie, est accompagné par une importante délégation, au sein de laquelle on retrouve de nombreuses personnalités parmi lesquelles notamment Ethman Cheikh Eby El Maali, d’obédience islamiste et président de la coalition des partis de la majorité qui a soutenu le régime depuis le putsch d'août 2008, jusqu'au référendum du 5 août 2017, en passant par l’élection présidentielle de juin 2014.

Mais par rapport à ce point précis des soutiens, certains organes de presse s’intéressent à la place et au poids de l’Union pour la république (UPR), principal parti de la majorité. C’est le cas notamment du site d’informations en ligne de l’hebdomadaire «Le Calame» qui titre: «Visite du candidat Ghazouani: où est passée l’UPR?».

Une interrogation justifiée par le constat qu'«en dépit de son soutien affiché à la candidature du général Ghazouani, ce parti ne semble pas occuper une place de choix dans le dispositif de campagne du candidat de la majorité. Celui-ci semble jusque-là privilégier les initiatives de soutiens (tribus et notables Ndlr) par rapport aux partis politiques traditionnels. Une posture qu’il a déjà laissé apparaître à travers le discours prononcé lors du rassemblement dédié à sa déclaration de candidature».

Sur l’agenda de la tournée, il faut signaler qu’elle a été entamée par Ouad Naga, une localité située sur la route de l’espoir (à une cinquantaine de kilomètres de Nouakchott) lundi après-midi.

Après cette première étape, le candidat Ghazouani et sa délégation ont passé la nuit à Keur Macène (extrême sud/ouest, près de la frontière avec le Sénégal). Le périple se poursuivra par le département de Rkiz, puis la ville de Boghé (dans la région du Brakna),...

Dans son mode opératoire de précampagne électorale, l'ex-général Ghazouani, candidat de l’armée, qui tient les commandes de l’Etat depuis plus de 40 ans, semble marcher parfaitement sur les traces de son ami et «complice» Mohamed ould Abdel Aziz, président en exercice, dont une 3e candidature a été rendue impossible par les dispositions constitutionnelles.

En effet, suite à la rupture de la légalité constitutionnelle à travers le putsch du 6 août 2008, Mohamed ould Abdel Aziz avait fait le tour des départements du pays en avion militaire, réservant la campagne électorale proprement dite aux capitales régionales.

Sur la base du principe suivant lequel on ne change pas une formule qui gagne, Ghazouani reprend à son compte le même stratagème qui avait permis à Aziz de se faire élire au premier tour, avec un prétendu score de 52% des suffrages exprimés. Un coup de force frauduleux, vivement contesté à l’époque par l’opposition, mais qui a toutes les chances de répéter en juin prochain.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 02/04/2019 à 15h05, mis à jour le 02/04/2019 à 16h49