Après plusieurs semaines de réunion matérialisant une large concertation, les partis et organisations issus de la mouvance nationaliste négro-africaine en Mauritanie ont décidé de présenter un candidat unique à l’élection présidentielle prévue au mois de juin 2019. Les dirigeants de ces petits partis ont finalement tiré les conclusions de leur éparpillement lors des élections générales de septembre 2018 qui leur ont été fatales.
Pour la présidentielle, le choix a été porté sur Kane Hamidou Baba, spécialisé en communication, fondateur du Mouvement pour la refondation (MPR), un parti politique récemment tombé sous le coup de la loi prononçant la dissolution de toute formation ayant totalisé moins de 1% des suffrages à l’issue de deux (2) élections locales.
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Parmi les partis politiques et organisations de la société civile derrière le choix du chef du MPR, Kane Hamidou Baba, on note l’Alliance pour la justice et la démocratie/Mouvement pour la réconciliation (AJD/MR) de Sarr Ibrahima Moctar, le Parti pour la liberté, l’égalité et la justice (PLEJ) de Bâ Mamadou Alassane, Arc-en-ciel de Bâ Alassane Soma (BALAS), les Forces progressistes pour le changement (FPC-ex FLAM) de Samba Thiam, l’UNDD de Tijane Koita (ex maire de Kaédi), le mouvement Touche pas à ma nationalité, Kawtal,…
Dans le processus du choix de ce candidat, qui a également impliqué des personnalités indépendantes ayant marqué l’histoire politique du pays, à l’image du colonel à la retraite Anne Amadou Baba Ly, plusieurs critères ont été pris en compte.
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La dernière personnalité en lice face à Kane Hamidou Baba, pour l’investiture d'un candidat de la mouvance non-arabe, est Samba Thiam, leader des Forces progressistes pour le changement (FPC), ex Front de libération des africains de Mauritanie (FLAM), qui a longtemps vécu en exil.
Le choix s'est porté finalement sur Kane Hamidou Baba, qui jouit d'une importante assise politique au niveau national. Dans le passé, il a été conseiller en communication de l’ex-président de la république Maaouya ould Sid’Ahmed Taya.
Ensuite, devenu opposant, il assuma la vice-présidence du Rassemblement des forces démocratiques (RFD), le plus important parti d'opposition à l'époque, où il se fait élire député et occupa par la suite le fauteuil de vice-président de l’Assemblée nationale.
Kane Hamidou Baba va officialiser sa candidature au cours des prochains jours à l’occasion d’une conférence de presse dont la date n'a pas encore été fixée.
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Reste à savoir s'il bénéficiera du soutien de la communauté négro-africaine qui se sent de plus en plus marginalisée au niveau des sphères économiques, politiques et administratives du pays.
C'est un pari qui est loin d'être gagné d'avance. En effet, les acteurs politiques du régime, originaires de la vallée du fleuve Sénégal, se sont concertés il y a quelques semaines pour couper l'herbe sous le pied de cette alliance en annonçant leur soutien au candidat du pouvoir, l'ex-général Mohamed ould Cheikh Ahmed dit Ghazouani, ancien chef d'état-major général des armées (CEMGA).
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Par ailleurs, plusieurs jeunes de la communauté négro-africaine ont affiché leur soutien au candidat antiesclavagiste, Biram Dah ould Abeid, président de l'IRA, candidat à la présidentielle de juin 2019.
Enfin, certains pensent que Kane Hamidou Baba est trop modéré et consensuel pour porter le combat des négro-africains contre l'exclusion de la communauté des hautes sphères de la politique et de l'économie, l'enrôlement biométrique controversé, l'accaparement des terres du fleuve, etc.