Mohamed ould Cheikh El Ghazouani est aux commandes de l’Etat mauritanien depuis quelques semaines à peine.
Les premiers moments de gouvernance, à pas hésitants, du nouveau président sont scrutés à la loupe, et donnent l’impression d’un brin de flottement au sommet de l'Etat, de la part d’un régime dont le chef est réputé pour sa fine intelligence et sa grande prudence.
Ainsi, l’exercice consistant à identifier les personnalités qui constituent le noyau dur, c'est-à-dire la galaxie du nouveau chef de l’Etat, paraît quelque peu aléatoire pour l'heure.
Un fait est cependant incontournable en ce début de mandat, dans le contexte politique actuel: la presse locale évoque la perspective d’une crise entre le nouveau président de la République, et un segment important de ses soutiens lors de la campagne pour l’élection présidentielle du 22 juin 2019.
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Illustration en est faite, avec cette manchette de l’hebdomadaire Le Calame du mercredi 22 août dernier: «Entre Ghazouani et l’UPR: crise en vue».
L’Union Pour la République (UPR) est en effet le principal parti de la majorité, dont les membres ont soutenu Mohamed ould Abdel Aziz durant ses deux mandats à la tête de la Mauritanie.
Y aurait-il donc malaise au sein de la coalition formant la majorité présidentielle?
La question est légitime, car sitôt formé le premier gouvernement Ghazouani, essentiellement composé de «compétences» ou de «technocrates», divers responsables de l’ancienne majorité, principalement issus de l’UPR, se sont empressés d’exprimer leur frustration.
Le constat renvoie, en fait, à une question vitale: celle de savoir sur quelles personnalités le nouveau chef de l’Etat pourrait s’appuyer pour constituer une majorité solide qui lui permettra de mettre en œuvre le programme proposé aux Mauritaniens pendant la campagne électorale de juin 2019?
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Dans cette quête d’identification des proches du nouveau chef de l’Etat, on peut commencer par le niveau basique: celui du cercle restreint des très proches du nouveau président mauritanien.
Il s'agit, en premier lieu, de son bras droit de toujours: le Lieutenant-Colonel Mohamed ould N’Dary. Aide de camp, cet officier supérieur détient ce redoutable privilège de "porter la valise" du nouveau patron.
Au rang de ces personnalités de l’entourage immédiat, on peut également citer le directeur de cabinet du président de la République, Mohamed Ahmed ould Mohamed Lemine. Ce cadre est décrit comme «un arabisant pur et dur». Il a été ministre de l’Intérieur sous la transition du Conseil militaire pour la justice et la démocratie (CMJD), de feu le colonel Ely ould Mohamed Vall, d’août 2005 à avril 2007.
Au cours des dernières années, Mohamed Ahmed ould Mohamed Lemine avait été éloigné du microcosme politique de Nouakchott et avait exercé la fonction d’ambassadeur en Turquie. Il avait ensuite été nommé ambassadeur de Mauritanie au Mali.
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Cet homme est, aujourd'hui, un pilier du cercle des proches du nouveau chef de l’Etat, à travers «une filiation» transmise par son ascendance.
En effet, le père du nouveau président de la République est un éminent soufi de la branche «Qhoudf», et il se trouve, par un heureux hasard, que le père de son directeur de cabinet en est un disciple inconditionnel.
Au rang des hommes du chef de l’Etat, figure également le Premier ministre, Ismaël ould Bedde ould Cheikh Sidya, un cadre formé à l'école Centrale de Paris, qui fut, par le passé, ministre de l’Habitat (en 2009) et, durant une courte période, ministre de l’Emploi (en 2014), puis président de l’Autorité de la Zone franche de Nouadhibou (ZFN).
Toutefois, Ismaël ould Bedde ould Cheikh Sidya était tombé en disgrâce depuis plusieurs années, ne donnant que des prestations privées à l’étranger.
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Cheikh Sidya, désormais revenu en grâce, a été coopté en tant que membre du staff de campagne de Ghazouani. Une campagne qu’il a dirigée dans la région de Kaédi, en dépit d'une farouche opposition du tout-puissant Mohamed ould Abdel Aziz, alors président sortant.
C’est là le signe le plus patent que le nouveau locataire du Palais de la République est attaché à ce cadre, malgré l'opposition qu'avait manifestée à son sujet ould Abdel Aziz, son ami depuis plus de quatre décennies.
Autre détail, qui a son importance, Ismaël ould Bedde ould Cheikh Sidya est issu d’une puissante confrérie maraboutique de l’Ouest mauritanien.
Dans ce cercle très restreint des proches du nouveau président mauritanien, figure aussi, en bonne place, le général Hanana ould Sidi, ministre de la Défense. Dans le passé, ce général à la retraite, qui avait été formé au Maroc, a été l’adjoint du nouveau président de la République à l’état-major général des armées (EMGA).
Ghazouani a également été l’artisan de la nomination de ce général mauritanien au commandement de la force antiterroriste du G5 Sahel, commune au Burkina Faso, au Mali, à la Mauritanie, au Niger et au Tchad.
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C’est aussi Ghazouani qui a demandé le retour du général Hanana en Mauritanie, et l'a placé au très stratégique département de la Défense, dans le contexte d’un Sahel en proie à de nombreuses attaques terroristes, qui menacent la stabilité de ses Etats membres.
Un autre homme est très proche du président mauritanien, et il se trouve actuellement sur tous les fronts: il supervise l'actuelle campagne de ramassage des ordures dans la capitale, Nouakchott, en coordination avec l’état-major général des armées, mais il orchestre aussi des rencontres tous azimuts avec les élus (ceux de la Vallée du fleuve Sénégal, mais aussi avec ceux de la coalition formant la majorité gouvernementale): il s'agit de Mohamed Salem ould Merzoug.
Ould Merzoug, ministre de l’Intérieur et de la décentralisation, est ainsi très clairement dans la position de pion essentiel du dispositif que Ghazouani met actuellement en place.
Ce cadre, à la compétence unanimement reconnue, est un ancien Haut-Commissaire de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS), commune à la Guinée, au Mali, à la Mauritanie et au Sénégal.
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Mohamed Salem ould Merzoug avait, en outre, largement bénéficié du précieux soutien de Ghazouani, lorsqu'il était haut-gradé de l'armée, durant sa présence aux commandes de l’organisation sous-régionale.
Signalons enfin que les deux hommes sont originaires de la même région: l'Assaba, à l'Est de la Mauritanie.
Il faudra également compter avec la présence d'une femme, Coumba Bâ, nommée ministre-conseillère à la présidence, mais aussi chargée de mission auprès de la présidence de la République, un poste créé sur mesure dans l’architecture des hautes responsabilités au plus haut sommet de l'Etat. Coumba Bâ oscillera donc entre son portefeuille de ministre et son rôle de conseillère, qui est le sien depuis une quinzaine d’années, elle qui siège juste aux côtés du Premier ministre, durant la réunion hebdomadaire du gouvernement.
En l'ayant ainsi propulsée, et confirmée à son poste, Ghazouani a donc émis un signal clair, du point de vue de la préséance, un signal qui démontre donc que Coumba Bâ fera résolument partie de la galaxie du nouveau président de la République, qui, d'ailleurs, la qualifie régulièrement (et affectueusement) de «sœur».
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Coumba Bâ, originaire de la région de Kaédi, dispose d’un carnet d’adresses très fourni, tant en Afrique de l’Ouest, qu'en Afrique centrale.
Dans la liste des proches de Mohamed ould Cheikh El Ghazouani, il faut naturellement, et également, ajouter le nom de Mohamed Mahmoud ould Mohamed Lemine, ancien président de l’Union pour la république (UPR/principal parti de la coalition formant la majorité).
Ould Mohamed Lemine fut ambassadeur en Arabie Saoudite, et se trouve être le frère aîné du directeur de cabinet du nouveau président... Il faudra donc compter avec lui, et ce, même si l’homme n’occupe pour le moment aucune position officielle dans une architecture -et une galaxie présidentielle- encore en gestation.