Plusieurs cadres et citoyens de divers horizons, ont annoncé avoir constitué une Initiative pour la Libération de Ousmane Wone, ancien directeur général de l’Entreprise Nationale pour l’Entretien Routier (ENER), établissement public dont la raison sociale a entre-temps été dissoute par l'ancien gouvernement.
Wone se trouve en détention préventive depuis octobre 2017, après le renvoi à deux reprises de son procès pour un complément d’enquête, qui n’a jamais eu lieu.
Il est considéré comme le bouc émissaire dans la «faillite» de l’ENER. Ousmane Wone se trouvait à la tête de l’ENER depuis mai 2015. Il avait hérité d’un établissement dont les caisses étaient presque vides.
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Si on l’accuse de malversations portant sur quelques dizaines de millions d'Ouguiyas, au plus, le gouffre de l’ENER, avancé pour sa mise en fallite par l'ancien régime, se chiffre à des milliards d'ouguiyas anciens.
Or, les anciens dirigeants à l’origine de cette situation, bien protégés, n’ont jamais été inquiétés, du fait qu'ils bénéficiaient de certaines proximités avec les dirigeants du pays à l'époque des faits.
Amadou Tidiane Diop, président de cette initiative, et spécialiste en audit de par son métier, met en relief «les irrégularités dans les investigations de l’Inspection Général d’Etat (IGE) et des accusations non étayées par des faits, avec comme résultat un rapport vide, pour un dossier dont la motivation est un règlement de comptes sans rapport avec les règles de comptabilité et l’exigence de justice».
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Sy Mamoudou, juriste d’entreprise, rappelle que «dès son arrivée à la tête de l’ENER, Ousmane Wone a trouvé un déficit de 2 milliards d’ouguiyas anciennes. Il s’est attaqué aux causes de la quasi-faillite de l’entreprise: suppression des dépenses inutiles, résiliation des contrats de complaisance, refus d’octroi de prébendes, réduction drastique du train de vie de l’entreprise, suscitant l’ire de certaines personnalités proches du pouvoir».
Pour lui, Ousmane Wone a été la victime d’un règlement de comptes. «Nous demandons à la juridiction devant laquelle est déféré son dossier, de statuer sur son cas sans délai, car l’affaire a fait l’objet de deux renvois. Soit il y a des preuves qu’il est coupable d’une infraction pouvant justifier une condamnation et le verdict tombe. Ou alors, il n a rien fait de contraire à la loi, on le libère. Car sa place n’est pas en prison, mais au sein de sa famille. Nous sommes absolument convaincus de sa totale innocence».
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Amadou Kalidou Ba, professeur de littérature à l’Université de Nouakchott et écrivain, interpelle directement «le président Mohamed ould El Ghazouani, lui rappelant que du temps ou il était chef d’état-major, il avait rencontré et félicité le DG de l’ENER, pour avoir placé sur la rampe du redressement, une entreprise nationale en quasi faillite. Vous ne devez pas laisser un tel cadre en prison pour une histoire de règlement de comptes».
De nombreux observateurs soupçonnent deux hauts responsables du pouvoir lors des mandats de l'ex-président Mohamed Abdel Aziz «d’avoir poussé l’ENER à la faillite et de se servir d'Ousmane Wone comme bouc émissaire».