Biram ould Dah ould Abeid vient d’annoncer son retour en Mauritanie. Un retour qui intervient après huit mois d’absence du pays, une absence qui date d'avant les événements de la Gazra Bouamatou à l'issue desquels un groupe d'antiesclavagistes a été emprisonné et jugé. Ce retour intervient à l’issue d’une longue tournée africaine, américaine et européenne dont l'objectif est de dénoncer «les pratiques esclavagistes» ayant cours en Mauritanie.
Il arrivera en Mauritanie par la route, via le Sénégal, au point frontalier de Rosso, ville «symbole» qui a été le théâtre de sa dernière arrestation «pour troubles à l’ordre public» en novembre 2015. Un épisode suivi d’une arrestation et d’une détention de plusieurs mois, qui a débouché sur une condamnation à 2 années de prison ferme, peine réduite à une année à la faveur d’un pourvoi devant la Cour suprême.
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Expliquant le timing de ce retour au bercail, les proches d’Ould Abeid affirment qu’il est conforme «à une volonté de respecter un agenda de séjour établi depuis longtemps».
Une manière de réduire à néant les allégations soutenant que le candidat classé deuxième à l’élection présidentielle mauritanienne du 14 juin 2014 «est dans une situation d’exil forcé», distillées depuis plusieurs mois par ses adversaires.
Vidéo. Libération du leader anti-esclavagiste Biram Dah Oulb Abeid
Sur cette rentrée au pays, le leader de l’IRA se montre encore plus prolixe que ses ouailles. D’où ces précisions contenues dans une interview publiée par «l’Authentique», un quotidien de la presse privée mauritanienne: «Je n’ai jamais envisagé de quitter la Mauritanie à titre définitif. Je voulais rentrer au pays immédiatement après l’arrestation des militants de l’IRA suite à l’affaire de la Gazra située prés de l’hôpital ophtalmologique Bouamatou. Mais j’ai été mis en minorité par les instances de notre mouvement qui ont opté pour une riposte à partir de l’extérieur dans le cadre de laquelle nous avons mobilisé la communauté internationale, les missions diplomatiques des pays démocratiques, les ONG et les médias internationaux, par rapport à la cause des individus emprisonnés».
Au nombre d’une quinzaine, ces militants de l’IRA, arrêtés en juillet 2016, avaient été condamnés à de lourdes peines allant de 3 à 15 ans de réclusion, par une cour criminelle de Nouakchott. Un arrêt cassé par la cour d’appel de Nouadhibou en novembre dernier.
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Cet épisode judiciaire a été suivi de la libération de tous les détenus, sauf trois (3) qui purgent actuellement une peine de 3 années de prison dans la ville de Zouerate (Nord).
Cependant, malgré le climat de détente créé par ce dernier verdict, de nombreux observateurs prédisent «un retour à hauts risques» pour le leader antiesclavagiste, adepte des actions spectaculaires. En effet, celui-ci pourrait se traduire par un accueil chaleureux des militants et d’éventuelles «troubles à l’ordre public».
Mais du côté des partisans du pouvoir de Nouakchott, on se déclare «serein et respectueux de l’Etat de droit, même si on considère que Biram fait de son prétendu combat antiesclavagiste un fonds de commerce pour égratigner l’image de la Mauritanie».