Dix jeunes manifestants issus d’une organisation citoyenne dénommée "Mouvement pour la Jeunesse de Mauritanie" (MPJM), arrêtés dimanche après midi, à l’occasion d’une marche organisée à Nouakchott, ont été placés lundi soir en détention préventive sur la base de la procédure du flagrant délit par le parquet du tribunal de Nouakchott ouest.
Ils doivent répondre des délits «de rassemblement non autorisé, violences et voies de fait sur agent des forces de l’ordre». Les individus placés en détention préventive comparaîtront jeudi prochain devant un tribunal des flagrants délits de la capitale mauritanienne.
Parmi eux figurent notamment Oumou Kane, présidente d’une ONG, Mariam Pam, Maimouna Bâ, Mamy Mbow, Omar Djibril Ba, Mamadou Alpha Bâ, … Quatre jeunes filles figurent parmi les jeunes arrêtés, tous issus de la communauté négro-africaine.
Lire aussi : Mauritanie: une marche des jeunes pour dénoncer leur marginalisation
Ces jeunes avaient organisé une marche dans le centre ville de Nouakchott dimanche après midi pour dénoncer «leur marginalisation et le mal vivre».
Cette manifestation a été dispersée à coups de grenades lacrymogènes et de matraques par les compagnies de police antiémeutes, avec un bilan de plusieurs blessés et une douzaine d’arrestations.
Les animateurs de ce nouveau mouvement citoyen réclament «un assouplissement des conditions d’enrôlement pour l’accès aux documents d’état civil, une réforme des systèmes de santé et d’éducation, un accès des jeunes aux sphères de décision et la validation des diplômes obtenus à l’étranger dans les concours nationaux».
Lire aussi : Mauritanie: six ans de calvaire des Négro-mauritaniens pour s'inscrire à l'état civil
Commentant la nouvelle de l’arrestation et du placement en détention de ces jeunes «qui organisaient une manifestation pacifique» un analyste déplore «l’attitude d’un pouvoir qui envoie de plus en plus de signaux concordants de fébrilité à l’approche d’un référendum constitutionnel fortement controversé».
Concert de condamnations
L’embastillement de ces jeunes, au sein desquels on retrouve de nombreuses filles, suscite une vague de condamnations à Nouakchott et au sein de la diaspora.
Ainsi, l’Association mauritanienne des droits de l’Homme (AMDH) "condamne et dénonce des arrestations arbitraires et ciblées de jeunes gens, exige leur libération sans délai» et rappelle «que le droit de réunion et de manifestation est un acquis de la constitutionnel».
Lire aussi : Mauritanie: multiplication des manifestations antiréférendum constitutionnel
Le Collectif des mauritaniens de France (CMAF) stigmatise «le régime totalitaire de Mohamed Ould Abdel Aziz, caractérisé par la répression à travers des arrestations arbitraires «et exige la libération sans délai des détenus».
Discours au sein de l’opposition, notamment l’Union des forces de progrès (UFP), avec la condamnation ferme «de la pratique d’une administration qui viole délibérément et remet sans cesse en cause les libertés publiques, individuelles et collectives, garanties par la constitution».
Pour sa part, Tawassoul, un parti de la mouvance islamiste «condamne énergiquement un usage disproportionné de la force» et «exprime sa solidarité avec les jeunes injustement arrêtés».