Ces dix dernières années ont vu Africa N°1 sombrer dans la décrépitude. Au départ de ses ennuis, l’actionnaire majoritaire Libyan la Jamahiriya Broadcasting Corporation (LJBC), qui ne pouvait plus honorer ses engagements en raison de la crise libyenne.
Porté à bout de bras depuis 2011 par l’État gabonais, Africa N°1 a vu ses programmes baisser en qualité et son matériel se détériorer faute d’entretien et d’investissement. Dans sa déchéance, le personnel de la radio fidèle au poste survit quand il ne meurt pas tout simplement à petit feu.
Les nouvelles autorités de transition au Gabon ont décidé de faire renaître cette chaîne panafricaine. Après une première visite sur les lieux le 17 janvier dernier, la ministre de la communication Laurence Ndong, est revenue le mardi 16 mars sur les lieux pour lancer l’opération de nettoyage du site et des locaux. Une situation qui donne espoir aux anciens collaborateurs de la chaîne.
De retour sur un champ de ruine qui a offert à plusieurs d’entre eux la première opportunité d’emploi, Ludovic Koumba, l’une des grandes voix de la famille Africa se souvient des années glorieuses de la radio.
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«Ce que je retiens d’Africa N°1 où j’ai passé 20 ans, c’est la fraternité, c’est la formation. Parce que moi je venais en tant qu’étudiant. J’ai eu droit à un encadrement des aînés, des professionnels qui m’ont véritablement appris le métier... autant sur place au desk que lorsque nous étions amenés à nous déplacer à l’extérieur pour de plus grandes opérations... Lorsque j’ai entendu parler de la relance des activités d’Africa N°1, honnêtement j’ai d’abord douté...Bon on voit un frémissement qui nous amène à rêver et à espérer...», confie, le chroniqueur sportif.
La déliquescence dans laquelle se trouve cet outil ayant fait la fierté du Gabon et de l’Afrique a fini par faire douter plus d’un employé sur le réveil d’Africa N°1. L’immeuble est dans un état insalubre et de vieillissement avancé. Les archives ont été abandonnées et quasiment détériorées par les intempéries, les vandales et le temps. Le plateau technique n’est plus que l’ombre de lui-même.
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Ce tableau sombre de la situation de l’entreprise dégoûte Robert Bob Gaëyila. «Mes droits c’est même la priorité. J’ai fait un AVC en 2014. Et ça a entamé mes neurones. Aujourd’hui, s’il y a reprise par rapport à la volonté des autorités, c’est de bonne guerre. Mais qu’on fasse un tri. Que ceux qui ont encore la possibilité de travailler, qu’ils le fassent. Ceux qui n’en ont plus qu’on se sépare d’eux en payant leurs droits», s’indigne l’ingénieur de son.
Avant la réfection du grand bâtiment par les équipes d’architectes, le gouvernement a mis en place un plan de nettoyage interne et externe d’Africa N°1.
Créée en 1981, Africa N°1 a cessé d’émettre en 2017. Pour relancer cette radio, parmi les dépenses prévues par l’État gabonais pour l’exercice 2024, plus de 380 millions de francs CFA devraient être décaissés pour le plan social.