«Les organisations politiques et sociales dont les responsabilités pénales seront établies par la suite des procédures judiciaires par les autorités compétentes se verront appliquer des sanctions allant de la suspension jusqu’au retrait de leurs agréments», a déclaré le ministre de l’Administration territoriale Mory Condé dans un message diffusé sur la télévision nationale.
Une interdiction de ces partis, déjà quasiment réduits à l’inaction, s’ajouterait à l’interdiction des manifestations décrétée par la junte en 2022 et à la dissolution d’un collectif de défense des droits, le Front national de défense de la Constitution (FNDC).
Trois dirigeants du FNDC sont emprisonnés et un certain nombre de personnalités politiques sont détenues, visées par des enquêtes judiciaires, ou parties en exil.
La banlieue de Conakry a été le théâtre mercredi soir et jeudi de confrontations répétées entre des groupes mobiles lançant des pierres et dressant des barricades sur la route, et des gendarmes et des policiers.
Deux jeunes de 16 et 19 ans ont été tués par balle, ont dit des proches à l’AFP, ainsi que le FNDC. Leur mort a été confirmée par Cellou Kansala Diallo, vice-maire de Ratoma, une commune de la banlieue de Conakry.
Abdoul Karim Bah a dit à l’AFP que son neveu de 19 ans, chauffeur de moto-taxi, a trouvé la mort bien que ne participant pas aux troubles, un cas de figure souvent rapporté dans ce pays coutumier des violences politiques.
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Le FNDC a parlé de deux morts et 58 blessés, dont certains atteints par balle.
Le FNDC avait appelé à une marche pour réclamer la libération de ses trois responsables et de tous les autres prisonniers détenus pour des raisons selon lui politiques, ainsi qu’un retour rapide des civils au pouvoir. Les principaux partis s’étaient joints à l’appel à la mobilisation.
La junte a déployé d’importants moyens et empêché la marche. Le ministre Mory Condé a confirmé que les autorités avaient réquisitionné l’armée. Il a affirmé «la détermination du gouvernement à mettre hors d’état de nuire ces individus (responsables des heurts) et à poursuivre les auteurs et les commanditaires de ces violences».
Il a fait état de 28 blessés, parmi lesquels 20 policiers et gendarmes, dont 7, grièvement touchés, ont été placés en soins intensifs, mais n’a pas évoqué de mort.
La Guinée est dirigée depuis septembre 2021 par une junte qui a pris le pouvoir à la faveur d’un des putschs qu’a connus l’Afrique de l’Ouest depuis août 2020.
Les grands partis refusent le dialogue avec la junte sur les modalités et le déroulé d’un retour des civils au pouvoir dans les conditions fixées par les autorités.