«Les Libyens de tous horizons réclament la chute du gouvernement» et la tenue d’élections «dans un délai de six mois», a déclaré à l’AFP une manifestante de Tripoli, Fijra al-Reguebi. «On veut une solution! Le peuple libyen en a marre!», scandaient des manifestants pendant que d’autres demandaient «le départ de Dbeibah avant l’Aïd», fête musulmane prévue vers le 6 juin.
La manifestation s’est déroulée dans le calme et sous bonne garde de forces sécuritaires.
La Libye, pays riche en pétrole, peine à retrouver la stabilité depuis le soulèvement de 2011 qui mit fin à 42 ans de dictature de Mouammar Kadhafi. Deux gouvernements s’y disputent le pouvoir actuellement: le GNU installé à Tripoli (ouest), dirigé par M. Dbeibah, l’autre à Benghazi (est), soutenu par le puissant maréchal Khalifa Haftar.
Des élections présidentielle et parlementaires devaient se tenir en décembre 2021 mais ont été reportées sine die en raison de divergences entre camps rivaux.
Des protestataires ont réclamé «la fin de toutes les institutions» citant le GNU mis en place sous médiation ONU en 2021 mais aussi le Parlement basé dans l’Est, élu en 2014, la même année que le Haut conseil d’Etat, sorte de Sénat basé à Tripoli.
Du 12 au 15 mai, des affrontements ont opposé des groupes armés en plein coeur de Tripoli à des forces loyales au gouvernement après le démantèle décidé par le GNU de «toutes les milices» contrôlant la ville, devenues, selon M. Dbeibah, «plus puissantes que l’Etat».
Des combats ont eu lieu à l’arme lourde, faisant au moins 8 morts selon l’ONU, jusqu’à une trêve jeudi dernier.
Pour protester contre la gestion de cette crise par le GNU, des milliers de manifestants s’étaient déjà réunis vendredi dernier au centre de Tripoli. Un policier gardant le siège du gouvernement avait été tué lors d’une «tentative d’assaut» par un «groupe mêlé aux manifestants», selon un communiqué officiel.
La cheffe de la Mission de l’ONU en Libye, Manul, Hanna Tetteh, a appelé jeudi sur la chaîne Al Arabiya al-Hadath, à garantir «le droit de manifester» pour «tous les citoyens mécontents de la manière dont les choses sont gérées».
«La communauté internationale reconnaît toujours le GNU mais nous savons qu’il fait l’objet de contestations des citoyens, en particulier ici, dans l’ouest» libyen, a-t-elle mis en garde.