Est-ce le début d’une lune de miel entre la junte au Niger et la communauté internationale? Il est sans doute très tôt pour le dire. Mais, tout porte à croire que l’isolement de Niamey, suite au coup d’Etat du 26 juillet dernier, est sur le point de prendre fin, plus tôt que prévu.
Si jusqu’ici le président de la transition Abdourahamne Tiani, qui garde secret encore jalousement la destination de son premier voyage à l’étranger, se contente de quelques coups de fil avec ses «frères d’armes» africains en l’occurrence le Burkinabé Ibrahim Traoré, le Malien Assimi Goita ou encore le Guinéen Mamadi Doumbouya, le moment est peut-être venu pour celui qui a mené le coup d’Etat contre Mohamed Bazoum d’élargir son cercle restreint d’interlocuteurs. En tout cas, une belle occasion se profile à l’horizon.
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L’avion du représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU et chef du bureau des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, Leonardo Santos Simão, devrait atterrir, sous bonne escorte, dans les jours à venir, sur le tarmac de l’aéroport international Diori Hamani de Niamey.
Le diplomate mozambicain, qui jouit de plus de 30 ans d’expérience dans l’administration publique et les relations internationales, se prépare à se rendre au Niger. Il vient plaider pour l’acheminement de l’aide humanitaire internationale notamment aux populations de Diffa, Maradi, Tahoua, Zinder et sans doute de celles de Niamey, alors que la situation humanitaire dans ces villes ne cesse de s’aggraver.
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Rappelons brièvement que suite au coup d’Etat du 26 juillet, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avait fermé les frontières de ses membres au pays de 25 millions d’habitants. Jusqu’aujourd’hui l’aide ne passe pas ou pas au rythme souhaité par les ONG humanitaires engagées auprès des populations les plus vulnérables. Ces dernières n’ont d’ailleurs jamais cessé de s’alarmer depuis la prise du pouvoir au Niger par la junte.
On le voit bien, Leonardo Santos Simão n’aura pas le temps d’admirer les dunes à la beauté majestueuse du célèbre désert du Ténéré, dans le nord-est du pays. A la place du tourisme, le représentant d’Antonio Guterres aura un agenda très chargé d’autant plus qu’au-delà de la question très urgente de l’acheminement de l’aide humanitaire, il devra aussi s’entretenir avec la junte au sujet de la crise politique dans laquelle est plongé le pays.
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Un autre sujet d’une grande inquiétude que l’ancien président de l’équipe technique de médiation de paix pour Madagascar de la communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) devra aborder avec beaucoup de finesse avec le général Abdourahamane Tiani qui n’a pas caché sa colère, voyant son pays privé de parole lors de la toute dernière Assemblée générale des Nations unies à New York.
Les dirigeants militaires qui dénonçaient il y a encore quelques jours «des agissements perfides» du chef de l’ONU vont-ils à nouveau refuser l’entrée dans leur pays la délégation des Nations unies comme ce fut le cas en août dernier et s’isoler ainsi davantage? Tous les regards se tournent vers le puissant Tiani qui a chassé les troupes françaises de son pays, ultime camouflet de la France dans le Sahel. L’homme fort de Niamey qui joue la division entre Paris et Washington pourrait être tenté d’asseoir sa légitimité sur la scène internationale sous l’œil bienveillant de l’Oncle Sam.