Si en Algérie le gouvernement a réussi à museler la contestation politique à coups d’intimidation et surtout d’arrestations et d’interdiction de toutes les voix discordantes, notamment celles des militants, des partis politiques et ONG de défense des droits de l’homme, il n’arrive pas à faire autant à l’étranger.
Ainsi, en France où vit la plus importante communauté algérienne au monde, plusieurs centaines de membres de la diaspora algérienne et des personnalités françaises ont défilé, ce dimanche 19 février à Paris, à l’appel du «Collectif Libérons l’Algérie» sous le slogan «La marche de l’espoir». Parmi les manifestants, figuraient des membres de la diaspora, des amis de l’Algérie, des ONGs, des journalistes, des hommes politiques…
Lors de cette marche, partie de la Place de la République vers celle de la Bastille, tout un symbole, les manifestants ont scandé des slogans pour réclamer, entre autres, la «libération immédiate de tous les détenues d’opinion», une «transition démocratique en dehors du système en place», l’«instauration d’un Etat civil et non militaire». Ils ont aussi demandé la «dissolution de la police politique», le «démantèlement des circuits informels de l’économie rentière»…
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Autant de slogans hostiles au régime en place et qui rappellent ceux du hirak qui fêtera son 4e anniversaires dans quelques jours, le 22 février plus exactement. Les manifestants ont ainsi rallumé la flamme du hirak, ce mouvement de contestation populaire pacifique qui a mis à terre le régime de Bouteflika.
Seulement, si les hommes ont changé avec le départ de l’ancien régime, le système militaro-politique est, lui, resté en place. Pire, la répression a même gagné du terrain. Désormais, toutes les voix discordantes sont interdites et les militants anti-régime emprisonnés.
Ainsi, les arrestations d’hommes de médias se sont multipliées ces derniers mois. Ihsane El Kadi, patron de la station algérienne Radio M et du site d’information Maghreb Emergent, Mustapha Bendjama, du journal Le Provincial, basé à Annaba,…
Selon le journal Le Monde, 300 prisonniers d’opinion croupissent dans les prisons algériennes, certains depuis trois ans, sans le moindre procès.
La situation des droits de l’homme est si préoccupante que même les opposants les plus tenaces ont fini par jeter l’éponge, comme ce fut le cas de l’activiste et militant Rachid Nekkaz.
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Les autorités ne se sont pas limitées à arrêter des militants et opposants. Elles ont aussi fini par faire quitter le pays au vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), Saïd Salhi, avant de dissoudre l’ONG le 20 janvier dernier.
Et la situation semble même empirer depuis quelques mois et devrait l’être encore plus, dans les mois à venir, avec l’approche de l’élection présidentielle prévue en 2024 et pour laquelle le président Abdelmadjid Tebboune sera certainement le candidat du système politico-militaire. Et plus cette date fatidique approche, plus le régime va accroitre sa politique répressive pour éliminer les candidats potentiels et tous ceux qui gêneraient la bonne marche vers un second mandat pour Tebboune.
Or, les Algériens savent que le changement ne viendra pas de ce système verrouillé par les généraux. D’où les slogans appelant à une «transition démocratique en dehors du système en place».