Depuis la chute du régime d’Ali Bongo Ondimba le 30 août 2023, le Gabon traverse une période de transition cruciale qui devrait aboutir par l’adoption d’une nouvelle Constitution dont la campagne électorale a commencé. Le coup de starter a été donné par le président de la transition, «Gabonaises, Gabonais, je vous appelle à participer massivement à ce référendum, car notre seul ennemi est l’abstention», en lançant cet appel, Brice Clotaire Oligui Nguema ne dissimule pas sa crainte de voir peu de Gabonais se rendre aux urnes le jour J.
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Malgré un contexte de début de campagne plutôt terne, la consultation populaire portant validation du projet de Constitution du Gabon suscite commentaires, espoirs et appréhensions. Au campus universitaire de Libreville, le sujet est tout autant analysé que dans les écuries politiques. Étudiant en lettres modernes, Wendelin, 20 ans, s’est fait sa propre opinion, «j’ai lu la Constitution il y a des points qui ne me plaisent pas dont le mandat à 7 ans du président de la République. Je trouve que c’est trop long. Nous avons un bel exemple avec la première puissance mondiale où le président est élu pour un mandat de 4 ans. J’estime que pour réaliser les choses on a pas besoin de 7 ans pour le faire. Tout est une question de volonté politique», laisse-t-il entendre.
À moins de dix jours du vote, les formations politiques comptent bien faire entendre leurs voix à travers les urnes. Pour le parti RÉAGIR, «la nouvelle Constitution intègre des réformes pour renforcer la séparation des pouvoirs et les institutions. C’est une occasion de limiter les pouvoirs de chaque organe», a dit, Persis Essono Ondo, Président intérimaire de RÉAGIR.
Des explications qui ne suffisent pas à convaincre les indécis comme Abdoul Kader, étudiant qui pourrait s’abstenir le jour du vote,. «il faudrait que les Gabonais prennent de la hauteur en lisant en intégralité ce projet de Constitution. Un seul article ne peut pas nous obliger à voter Oui, ni contre. Pour ce qui me concerne, je préfère m’abstenir du vote», explique-t-il.
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«Je n’ai pas eu le temps de la lire. Mais en me fiant à ce qui se dit sur les réseaux sociaux, je préfère prendre mon temps avant de me prononcer», soutient, Gersy Simekoungou, étudiant en sciences de l’information et de la communication.
Juste à ses côtés, Drisselien Rinel Moukambo, un ami du même département à l’Université Omar Bongo, bien décidé, lui à aller voter pour le oui, le jour du référendum. «J’irai voter déjà parce que je suis inscrit sur les listes électorales. J’étais indécis jusqu’à ce que je parcours le projet de loi. Là je crois avoir de bonnes raisons de voter oui. Parce que nous avons une constitution qui correspond aux aspirations des gabonais», a déclaré le jeune étudiant.
Si la campagne référendaire ne s’est véritablement pas emballée les jours qui ont suivi son lancement , quelques exceptions à la règle confirment qu’il y a visiblement urgence à sensibiliser le plus grand nombre de citoyens sur les enjeux de ce rendez-vous électoral tout à fait spécial.
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La plateforme citoyenne Éveil-toi Gabon se déploie depuis plusieurs semaines dans le six arrondissement de la commune de Libreville. L’objectif affiché par ses bénévoles est d’obtenir un score de 95% de voix en faveur du Oui. «C’est la renaissance d’un Gabon nouveau porteur de valeurs qui ne sont rien d’autre que des valeurs patriotiques et républicaines. Tout pour la République et rien pour des intérêts particuliers», a lancé, le président de la plateforme, Me Jeff Obame Mezui.
En ouvrant officiellement cette période de consultation du peuple pour le vote d’une nouvelle constitution, le Président de la transition, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, a appelé à un vote massif de ses concitoyens pour faire échec à un ennemi commun qu’est l’abstention.