Sénégal: tension politique extrême à une année de la présidentielle

Le 26/01/2023 à 14h52

VidéoAu Sénégal, le renvoi en chambre criminelle de l’opposant Ousmane Sonko dans une affaire de viol présumé, crée une ambiance délétère à une année de la présidentielle de 2024. Ses partisans dénoncent une manœuvre similaire à celle qui avait écarté l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall et le fils de l’ex-président Wade, Karim.

Au cours d’un méga-meeting organisé dimanche dernier, le leader des Patriotes du Sénégal, Ousmane Sonko, a menacé de ne pas se rendre à son procès pour répondre aux accusations de viol présumé. Il dénonce un acharnement sur sa personne et une volonté de l’écarter de la course à la présidentielle de 2024.

Il est vrai que pour beaucoup de Sénégalais, le pouvoir en place a ourdi un sordide complot contre celui qui est désormais l’homme politique le plus populaire du pays.

Dans la rue dakaroise, plus personne ne croit à sa culpabilité, surtout depuis que son accusatrice a avoué dans des enregistrements vocaux envoyés à son guide religieux pour dénoncer elle-même un complot. On l’y entend également dire, dans ces mêmes messages sur le réseau social Whatsapp, qu’un proche du président Macky Sall, Mamour Diallo, est le cerveau de tout ce micmac. De même, le médecin qui a examiné la fille dans la soirée du supposé viol, le docteur Alphousseyni Gaye, affirme avoir été menacé de mort à plusieurs reprises pour qu’il change sa déposition et qu’il invalide le certificat médical publié par la presse. Docteur Gaye affirme aussi que la rondelette somme de 200 millions de Fcfa lui a été proposée par des émissaires de Mamour Diallo toujours pour qu’il abonde dans le sens du complot.

Par ailleurs, un rapport interne de la gendarmerie que la défense de Ousmane Sonko s’est procurée et a déposé auprès du juge d’instruction affirmerait que l’ancien procureur général de la République a voulu influencé le rapport d’enquête de a Brigade de Recherche. C’est d’ailleurs ce rapport qui a valu à l’ancien commandant en chef de la gendarmerie, le général Tine, d’être limogé à seulement 4 mois de sa retraite. Le pouvoir lui reprocherait d’avoir voulu innocenter l’homme à abattre, Ousmane Sonko.

Bref, il s’agissait d’un complot ficelé visiblement par des pieds nickelés.

Ce sont finalement tous ces éléments qui ont contribué à aboutir à un non-lieu en faveur du leader de Pastef les Patriotes, aux yeux de l’opinion publique sénégalaise. C’est également, fort de tout cela, que Ousmane Sonko a appelé ses militants non seulement à la résistance, mais aussi et surtout à répondre selon la loi du talion, dans une formule en langue wolof : « Gat-sa gat-sa ».

Ousmane Sonko qui est «prêt pour le sacrifice ultime», selon ses propres termes, dit avoir «déjà rédigé son testament et est prêt à en découdre avec Macky Sall». Des deux, un y laissera la vie a dit le leader de Pastef. Des propos qui remobilisent ses troupes mais qui sonnent comme les paroles d’un désespéré qui fuit par tous les moyens un procès, selon ses détracteurs.

Dans tous les cas, la tension est palpable et les Sénégalais ne dissimulent pas leurs craintes et invitent les hommes politiques à ne pas brûler le pays.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 26/01/2023 à 14h52