Au Sénégal, en matière d'alimentation, il y a au moins deux inpondérables: le thiébou djeune de midi et les trois verres de thé qui suivent ce repas. Priver le Sénégalais de ces deux habitudes quotidienne est un sacrilège. Pourtant, cette éventualité est à craindre, depuis quelques jours. Le risque d’une pénurie de sucre, mais aussi une variété particulière de riz, celui parfumé importé d'Inde -les brisures de Basmati-, est bien réel. Ces deux denrées de consommation courante sont de plus en plus difficiles à trouver sur le marché, à Dakar, mais aussi dans les autres villes du pays. Et l’inquiétude commencent à gagner les consommateurs.
Des échos relayés par la presse sénégalaise font même état d’un début de spéculation sur les prix dans certains endroits. "Ces deux denrées sont effectivement introuvables sur le marché", confie à Le360 Afrique Amadou Woury Diallo, boutiquier à la cité Hamo 3 de Guédiewaye, dans la banlieue dakaroise.
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Pour calmer l’inquiétude des consommateurs, Alioune Sarr, le ministre sénégalais du Commerce, a assuré, hier, «qu’il n’y aura pas de pénurie de riz et le marché sera bien approvisionné», faisant référence aux grands événements religieux comme le Magal de Touba et le Gamou qui se profilent à l’horizon.
Gel des importations pour favoriser les producteurs locaux
Il faut souligner que depuis deux ans, l’image de la pomme de terre, de l’oignon ou de la tomate, le gouvernement sénégalais a pris la mesure de geler les importations de riz pour permettre d’écouler la production locale. Avant cette décision, le Sénégal dépensait chaque année près de 200 milliards de FCFA, soit 330 millions de dollars, pour les importations de riz, essentiellement en provenance des pays d’Asie du Sud-Est.
«Désormais, une partie de cette somme ira dans la poche des producteurs locaux. C’est pourquoi, nous avons gelé les importations pour permettre la commercialisation totale du riz local», justifie Alioune Sarr.
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En temps normal, les besoins sont chiffrés à 80.000 tonnes par mois. Toutefois, avec le pic de consommation attendu en prévision des événements religieux cités, le spectre d’une pénurie est réel. C’est pourquoi, le ministre du Commerce n’exclut pas une réouverture partielle du marché pour cette denrée. «En accord avec le Premier ministre, il y aura une ouverture qui sera faite dans les prochaines semaines, tout en étant dans le dispositif. Tant qu’il y aura du riz local, nous allons réguler les importations, mais tout cela se fait dans la transparence», dit-il.
Quid du sucre ?
Pour ce qui est du sucre, officiellement les autorités n’admettent pas encore l’existence d’une pénurie pour cette denrée. Mais le constat est fait un peu partout à Dakar et dans les autres villes. En septembre 2015, les autorités sénégalaises avaient autorisé l’importation de 20.000 tonnes de sucre cristallisé pour éviter une pénurie sur le marché. Ce qui avait suscité la colère de Jean-Claude Mimran, le propriétaire de la Compagnie sucrière sénégalaise (CSS), la seule sucrerie du pays.
Dans un entretien accordé au magazine Jeune Afrique, en août dernier, l’homme d’affaires corse avait déclaré : «Moi, si j’essaie de vendre mon sucre en dehors de l’Afrique, je ne le pourrai pas, il y aura des barrières infranchissables. Il n’y a aucune raison qu’un pays ouvre ses frontières si l’autre ne le fait pas», plaidant pour une sorte de protectionnisme à la sénégalaise. Mais que faire si la denrée (le sucre en poudre) est «introuvable» sur le marché?
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