Sénégal. Retard dans la délivrance des Cartes: Wade appelle pour une marche nationale

L'ancien President Abdoulaye Wade

L'ancien President Abdoulaye Wade. DR/

Le 20/07/2017 à 18h30, mis à jour le 21/07/2017 à 09h50

De longues files d’attente devant les centres de retrait pour récupérer les cartes d’identité CEDEAO qui sont remises au compte-gouttes. Cette situation commence à exaspérer les citoyens sénégalais qui redoutent une manipulation pour faire triompher la coalition Benno Bokk Yakaar.

A moins de 10 jours des élections législatives du 30 juillet 2017, des citoyens sénégalais peinent à recevoir leurs cartes d’identité CEDEAO, le seul document qui leur permettra de voter.

Devant les différents centres de retrait des cartes d’électeur, on assiste à des files interminables de Sénégalais qui, face à cette situation, commencent à douter de la volonté du ministère chargé des élections d’organiser un scrutin législatif libre et transparent.

Maître Abdoulaye Wade appelle ainsi à une marche nationale à la Place de l’indépendance de Dakar. «Nous constatons, avec amertume, que partout où nous passons, les Sénégalais sont à la recherche de leurs cartes d’électeur. L’administration fait du dilatoire pour ne pas les remettre», a dénoncé Abdoulaye Wade.

La tête de liste de la coalition «Wattu Sénégal» était en campagne, à Dagana dans la région de Saint Louis. Il a ainsi donné aux Sénégalais un rendez-vous pour battre le macadam dans toutes les localités du Sénégal. «Nous demandons à toutes celles et à tous ceux qui n’ont pas encore reçu leur carte d’électeur d’aller, mardi 25 juillet, à 14 heures, à la Place de l’indépendance, devant la Préfecture pour lancer une marche nationale vers le Ministère de l’Intérieur», a-t-il lancé.

Cet appel du «Pape du Sopi» (Changement) s’adresse également à la diaspora sénégalaise et aux citoyens qui vivent dans les régions. «Wattu Senegaal les invite, également, à un rassemblement. Ceux qui sont, à l’intérieur du pays, devant les sous-préfectures et préfectures et ceux à l’étranger devant les Consulats du Sénégal pour exiger la production et la délivrance des cartes d’électeurs à leurs ayants-droit»

Le Y en a Marre s’en mêle

Cet appel à une marche nationale lancé par la tête de liste de «Wattu Senegaal» coïncide, à un jour près, avec la correspondance du mouvement «Y en a Marre» envoyée, ce mercredi 19 juillet, à la presse. Fadel Barro est ses amis semblent, eux aussi, préoccupés par le fait que les citoyens fassent un chemin de croix pour récupérer leur carte électeur. Et c’est le cas dans tous les centres de retrait.

Dans les représentations diplomatiques du Sénégal, tout comme sur tout le territoire national, on remarque un faible niveau de délivrance des cartes. Rien qu’au consulat du Sénégal à Paris, les 20.000 inscrits sur les listes électorales peinent à recevoir ce précieux sésame qui leur permettra de voter. Et on signale par ci et par là, des tentatives de transfert frauduleux de cartes d’électeur de la part des partisans de Benno Bokk Yakaar dirigé par le camp présidentiel.

Cette situation indigne ainsi le mouvement «Y en a Marre». «Malgré 50 milliards de francs CFA du contribuable sénégalais engloutis dans cette opération, les citoyens sont quotidiennement obligés de faire des va-et-vient pour s’enquérir de la disponibilité de leur carte d’électeur au niveau des services dédiés», ont-t-ils dénoncé.

Fadel Barro et Mallal Tall alias «Fou Malade» accusent l’Etat du Sénégal dans cette «distribution anarchique et partisane des cartes d’identité constatée à l’intérieur du pays et dans la diaspora». Et les faits semblent leur donner raison car, plusieurs affrontements ont eu lieu entre militants du parti au pouvoir et ceux de l’opposition.

Toutefois, le mouvement «Y en a Marre» invite les acteurs politiques, et le gouvernement en premier, à faire preuve de plus de responsabilité pour balayer cette tension latente sur tout le territoire sénégalais. Ils invitent enfin «le ministère chargé des élections à prendre toutes les dispositions nécessaires pour que les citoyens puissent disposer de leur carte d’électeur à temps». Et que cet autorité sera tenu «responsable de la montée de la tension ou autre situation fâcheuse qui pourrait survenir, pendant et après le scrutin», ont conclu les «Y en a marristes».

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 20/07/2017 à 18h30, mis à jour le 21/07/2017 à 09h50